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mardi, 21 juin 2005

Du cochon ? (1)



…l’art, le beau, l’esthétique, le sublime… je défaille… musées, galeries, théâtres, opéras… je suis sur le cul… comment sans cela vivre ? seule vraie raison d’exister… mozart, gauguin, ibsen, rodin… qu’il faut toute force avoir lu vu entendu… que sinon infâme béotien… merde insignifiante… fiente insipide… the must, vous dis-je…
Bon. On se calme… sortie de pâmoison… on laisse le pathos au vieil hugo et le tremblement culturel à nomdedieu de fabre, ministre de la culture qui trouve rien d’autre à inviter chez drucker que mamzelle axel red ou kèkchose d’approchant dans un I had a dream à faire gerber ce bon vieux luther king. Basta. Donc, on réfléchit cinq minutes.
Oui, bon, j’écoute don juan, je me barde. J’observe cézanne, j’exulte. J’ouis phèdre, je nirvanise . Je lis faulkner, j’apothéose… Ok, ça me fait du bien partout et même là où je veux pas dire. Ca me grandit l’esprit, m’ouvre le cœur, me fait fondre là où je suis douce et m’empourpre rouge vermillon jusque dans mes moindres intimes replis. Donc, comme disait feue marie-georges marchais, globalement positif.
Mais quand même, de là à jeter aux orties tous les autres non privilégiés, à les considérer de haut et vouloir à tout prix, les untermenschen, les élever jusqu’à moi, y a un gouffre. Car finalement, si on y réfléchit tranquillement, sur les six milliards d’humains qui prolifèrent sur notre misérable globe, sur les centaines de milliards qui y pullulèrent depuis les premiers vagissements de notre mère lucy, combien n’ont pas lu une ligne de malraux, pas entendu une mesure de boulez, pas tâté le mollet du david de michel l’ange, ne se sont pas esbaudi au théâtre de théodore de bèze, n’ont pas pleuré devant turner ni gerbé devant mathilde monnier ou pina bausch faisant des entrechattes sur la scène de la cour d’honneur ? Combien ? Réponse : 99, 99%. Et tous ces milliards-là ne seraient que des pauvres cons qui n’auraient pas vécu, ne sauraient pas ce que c’est que l’amour, la mort, le diable, le bon dieu, papa maman tonton freud et moi !! Oh les intellos, les artistes, on se calme ! Quand vous arrêterez de voir le monde avec vos petites lunettes corporatistes et de vouloir, imbibés que vous êtes de votre grandeur, que tous ne soient rien autre chose que vos propres clones, alors vous réfléchirez deux minutes qu’il y a pas que rembrandt pour nous faire jouir du pinceau (enfin, façon de parler…) mais qu’un piteux crobard vaguement ressemblant à mon tonton marcel c’est pas mal non plus, vous réfléchirez en outre que le calendrier des postes avec angelus de millet en technicolor a orné la cuisine de vos grands-parents pendant des lustres et qu’ils en sont pas morts. Vous vous direz aussi qu’il y pas que dante aligheri pour nous titiller la plume mais que les quatre vers bancals ou bancaux de tatie gisèle pour la communion du petit, ils étaient comme ça !, que quand pépé gabriel il a fait le pétomane pour la soirée des pompiers de norlhac-le-château, on était tous un peu verlaine et rimbaud, et que mamie josépha, avec son accordéon sur ses gros nibards ça vaut bien trois heures de stockhausen…
Bon. Tant de beauté m’a épuisé, j’m’en va gésir. Lou, allongée, mais qui y reviendra…

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