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vendredi, 26 mai 2006

Mare nostrum...

L'Europe des marchands de bretelles ou la Méditerranée idéale du vieux Martégal...?

"Soit, mais je suis un drôle de Méditerranéen ; ma Méditerranée ne finit pas à Gibraltar, elle reçoit le Guadalquivir et le Tage, elle baigne Cadix, Lisbonne et s'étend, bleue et chaude, juqu'à Rio-de-Janeiro. Elle atteint le Cap Horn, salue Montevideo, Buenos-Ayres et, sans oublier Valparaiso ni Callao, elle s'en va, grossie de l'Amazone et de l'Orénoque, rouler dans la mer des Caraïbes, caresser amoureusement nos Antilles, puis Cuba et Haïti, ayant reçu le Meschacébé du grand enchanteur de Bretagne ; elle court au Saint-Laurent et, sauf de menues variations de couleur ou de température, va se jeter dans la baie d'Hudson où elle entend parler français. Le caprice de cette Méditerranée idéale le ramène alors à notre hémisphère, mais non pas nécessairement pour revoir Baléares, Cyclades, Oran ou Alger, car Anvers ni Gydnis ne lui sont pas plus étrangers que les Polonais et les Belges ne lui apparaissent barbares : ma Méditerranée ne demande pas mieux que de devenir nordique ou baltique pourvu qu'elle rencontre, ici ou là, les deux lucides flammes d'une civilisation catholique et d'un esprit latin..."

Charles Maurras, Soliloque du prisonnier.

Lou latine...

Commentaires

Il le dit et l'écrit avec tant de talent !
Oui, l'Europe... jusqu'où ? Je vous pose la question à toute(s) et à tous, étant certain que j'aurai autant de réponses qu'il existe de sensibilités, d'attaches familiales et culturelles, de préférences et de craintes formulées sur le blogalou*.
Moi-même qui vous parle avec les doigts, suis très partagé dans mon sang et mon histoire personnelle. J'y trouve d'ailleurs autant de concordances que de dissonances, j'y puise les racines de ma cohérence et de ma force autant que le poison de mes doutes et de mes errances...

Est-ce grave Docteurs ?


* Pour les défenseurs de l'Europe des régions, je dis : "garderem lou blogalou", ce qui signifie, peu ou prou "le blog de Lou, aimez-le ou quittez-le".

Écrit par : kalle | vendredi, 26 mai 2006

Un bel exercice de géopoétique.

La civilisation catholique, quel concept fumeux, non?

Ce que les Français appellent leur latinité, c'est leur appartenance à l'aire culturelle des langues latines. Mais cette aire culturelle existe-t-elle vraiment en tant que civilisation?...

Il me semble que si civilisation latine il y a, elle ne s'arrête pas aux frontières des pays de langue latine, mais qu'elle englobe tout l'Occident chrétien et, par imprégnation, une bonne partie de l'Orient chrétien (la fameuse "Europe des monastères"). Et elle n'est que tardivement chrétienne d'ailleurs, puisqu'elle plonge ses racines dans tout ce que Rome a pensé, a construit et recyclé. Le droit en est un bon exemple.

En ce sens-là, l'Allemagne est aussi "latine" que la France et Luther plus papiste que le Pape! Ce que Maurras avait sans doute du mal à concevoir!...

Quant à l'Europe d'aujourd'hui, elle n'est, ne peut être et ne sera à l'avenir qu'ATLANTIQUE. L'essor de l'idée d'une Europe anti-américaine date de 1942. Cette idée est morte en 1945, à Berlin, dans le bunker.

L'Europe-puissance est une idée française, un hybride du post-gaullisme et du post-mrpisme, qui n'intéresse que les Français. Les élites allemandes ne se conçoivent, Fischer en tête, mais avant lui tous les autres (Adenauer, Genscher, Schmidt, etc.) que comme puissance-relais n°1 d'un réseau nord-atlantique connecté en permanence avec Washington. Le petit maître qui met de l'ordre entre tous ces indisciplinés de Polonais, Croates, Irlandais, Portugais, ... Français... C'est comme ça.

Arrêtons de rêver! Ouvrez les yeux! Lapinos, il suffit de regarder Merkel pour débander immédiatement...

Écrit par : l'ami fritz | vendredi, 26 mai 2006

Ce n'est ni un rêve ni une idée, L'Europe, Fritz, pour moi, mais une nécessité politique. Que les tentatives de Napoléon ou d'Hitler se soient enlisées dans les steppes russes n'y change rien. Je revendique Bach, Dürer, Dante, Zurbaran, Lotto, et je vous laisse MacDonald, Hollywood, toute cette sous-culture qui ne me dit rien qui vaille.

Que les Allemands soient sous tutelle yankie depuis 1945, c'est une évidence, mais qu'ils aient envie de rester ad vitam aeternam sous tutelle, c'est faux. Le refus des Allemands d'aller en Irak a montré leur volonté d'émancipations. Berlusconi y est allé, lui, mais il n'a pas tardé à le regretter et à faire machine arrière. Les Polonais, eux, avaient-ils vraiment les moyens de refuser les offres yankies ?

Qui s'oppose à cette Europe fédérale, dirigée par l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Italie, ses principaux baîlleurs de fonds ? Les États-Unis, c'est logique, les Pays-Bas, dont la dialectique est caractéristique, puisqu'ils parlent d'"Europe papiste", et les syndicalistes français, qui perdraient sans doute beaucoup de plumes s'ils fallait harmoniser les législations, et qui de toutes façons ont une stratégie de blocage systématique, à l'exception de la CFDT.
Accessoirement, la droite nationaliste, c'est-à-dire Le Pen en France. Et là je m'adresse à Lou. Il ne faut pas prendre tout ce que dit Le Pen au pied de la lettre. Il est dans l'arène politique. Même s'il était favorable à l'"Europe le plus vite possible", ce que je n'affirme pas, je n'en sais rien, je me contente d'observer qu'il laisse à Villiers le soin de tenir un discours anti-européen hystérique, même dans ce cas il n'aurait pas pu appeler à voter OUI au dernier référendum. C'eût été un suicide politique, son électorat est essentiellement composé d'anciens électeurs du PC encartés à la CGT.
Toute l'intelligence politique de Le Pen, par rapport à la bande d'Occident est là. Bien qu'il ne se démarque pas fondamentalement des idées de Madelin, il a su utiliser habilement la télévision, la mettre en veilleuse sur l'Europe et le libéralisme qui font peur à l'électorat populaire pour tailler des croupières au parti de l'alternance socialo-gaulliste.

Écrit par : Lapinos | vendredi, 26 mai 2006

@ Fritz
"En ce sens-là, l'Allemagne est aussi "latine" que la France" : c'est tellement vrai, sur le fond. Et c'est ce qui rend odieuses les guerres qui les ont opposées...
Sur l'Europe anti-américaine et anti-bolchévique (c'est à dire, la seule Europe possible), oui : ça s'est effectivement terminé en 1945.
Sur le soutien des Allemands aux Américains : oui, car c'est à leurs yeux de vaincus (ils le sont toujours) la seule manière d'être le premier en Europe aujourd'hui.
L'europe-puissance n'est pas une idée française. C'est l'Europe française par la force qui fut un rêve français.

@ Lapinos
La seule question est : comment avons-nous le plus de chance de demeurer ce que nous sommes, c'est-à-dire de ne pas tout hypothéquer au nom de la sacro-sainte croissance et du Dieu Pognozoff ? En dehors de l'Europe, ou avec l'Europe ? Las, il n'y a plus de place pour les "concepts" aujourd'hui. La discussion vaut avant tout pour les objectifs économiques et politiques qui demeurent totalement flous en l'espèce. L'Europe navigue à vue, au gré des marchés et des taux directeurs. Elle n'existe que pour cela. Pas de projet politique en tant que tel. Donc pas de leadrship possible où que ce soit. L'Europe n'est rien, mais elle devient tout : c'est là le drame.
Cela dit, quel serait notre avenir en dehors d'elle ? On a tous la réponse, je crois.
Donc : parlons clairement de la fin d'une ère, du point bas d'une civilisation qui ne rebondira pas, mais changera de visage (son nouveau facies sera d'ailleurs étonnant : pas d'yeux, pas d'oreilles, pas de bouche... un nez, peut-être ?) sous l'influence des récessions à venir et de la poussée migratoire.

Oui, l'Europe est morte quelque part entre Falaise et Stalingrad.

Écrit par : kalle | vendredi, 26 mai 2006

L'Europe puissance est une idée française: je parle bien sûr de l'Europe puissance telle qu'on en entend parler aujourd'hui (et non pas en 1940...).

L'Europe est à la fois tout et rien. Bien vu.

Moi je suis le roseau et l'Europe est le vent. Je m'en tiens à ça.

Écrit par : l'ami fritz | vendredi, 26 mai 2006

Oui, mais un roseau pensant... Et c'est ce que les Eurocrates n'apprécient pas toujours !

Écrit par : kalle | vendredi, 26 mai 2006

"L'Europe est morte à Stalingrad." Céline, "Rigodon"
Hélas non l'Europe n'est pas morte à Stalingrad et on tente à tout prix à nous refourguer l'empire germanique auquel on a retiré sa sainteté.

Écrit par : Cadichon | vendredi, 26 mai 2006

Ohlalalala... Cadichon....
Sortez de votre tranchée une fois pour toutes et mourrez en criant vive le Roué.

Écrit par : kalle | vendredi, 26 mai 2006

L'ironie voltairienne est le degré zéro de la pensée, Kalle.

Écrit par : Cadichon | samedi, 27 mai 2006

Re les maximes d'éphéméride, Cadichon.
Traversez-vous une crise ?

Écrit par : kalle | samedi, 27 mai 2006

J'ai un peu de retard, lapinos, mais pour vous répondre sur le pen et de villiers, je pense que villiers n'est qu'un politicien et un bateleur (on passe pas impunément quelques années au sein de l'ump..) alors que le pen, avec tous ses défauts, a une véritable pensée d'homme d'Etat, y compris une vraie politique arabe de la France. (Si l'on mettait côte à côte les discours de le pen et ceux de chirac ou de mitterand, je crois que les deux susdits feraient piètre figure.) Sans oublier non plus qu'une Europe des peuples ou des patries n'a jamais effrayé la droite nationale. Le pen a en plus l'avantage d'avoir un parler vrai, alors que villiers cherche surtout à faire des bons mots. Pourtant, le pen, marine, le fn ne seraient pas à l'abri des perversions de la démocratie au cas où... Mais pour le moment, c'est sans doute le meilleur joker pour... leur foutre au cul !

Écrit par : Lou | mardi, 30 mai 2006

Rhôôôô, Mademoiselle Lou... Quel langage !

Écrit par : kalle | mardi, 30 mai 2006

Oui, c'est vrai, j'ai un peu hésité... et puis j'ai pensé que ça avait un petit air de père ubu... La prochaine fois je me la jouerai zazie in the suburban, c'est moins risqué... Mais vous avez raison, kalle, de brandir le carton jaune...

Écrit par : Lou | mardi, 30 mai 2006

Carton jaune ??? Je me vois mal tout de noir vêtu (je veux dire : portant des shorts) entrain de tancer un décérébré chevelu, les joues gonflées par mon petit sifflet stridulent, l'œil exorbité, un rien déroulède, défendant le droit et la justice sur une pelouse incertaine, cerné par 30000 brutes haineuses.

Et en plus vous êtes chez vous.

Et en plus, je suis certain de ne pas être le seul à rigoler sur les montagnes russifiantes de vos fins de paragraphe !

Merdre alors !

Écrit par : kalle | mardi, 30 mai 2006

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