jeudi, 12 novembre 2009
Compassion 2009... A vos mouchoirs..
Elle est sûrement gentille, Nicole Maestracci, la Présidente de (prenez votre souffle ) la « Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale », sûrement pleine de philanthropie et de générosité à en crever, et la voilà, à l’entrée de l’hiver, qui nous ressert, dans le Monde, l’éternel lamento des sans-abris pour qui on ne fait rien et du déshonneur d’un pays qui « laisse une partie de sa population vivre dans des conditions humiliantes ».
Et de décliner alors toute l’habituelle panoplie de ce qu’il faudrait faire demain matin pour que les miséreux de l’hiver 2009 risquent un peu moins l’hypothermie glacée des bouches de métro et des bancs publics.
Et elle y va pas, la bougresse, avec le dos de la cuillère : il faudrait donc un accueil inconditionnel, dans des places d’hébergement qui soient un vrai chez-soi, correspondant aux normes définies par les sdf eux-mêmes, avec une clé, et pour « le temps qu’il faut », avec en plus, pour chacun des impétrants un travailleur social et un référent coordonnateur, et pour couronner le tout, le droit au recommencement, c’est à dire à la récidive infinie de la mouise et de l’aide sociale qui va avec… Elle a dû oublier le bouquet de fleurs et les rideaux aux fenêtres mais ça va pas tarder...
Bien entendu elle se garde bien de chiffrer la chose car quand on aime on compte pas, ni de nous dire combien elle met de sa poche pour lancer la mécanique car aide sociale bien ordonnée commence par l’argent des autres…
Elle se garde bien aussi de justifier toutes ces mesures, comme si tous les miséreux et tous les déclassés étaient totalement irresponsables de la situation dans laquelle ils se trouvent…
Elle se garde bien surtout de chercher à comprendre les raisons d’une telle situation et de l’augmentation exponentielle, depuis de nombreuses années, des sans-abris de toutes sortes, parallèlement à la même augmentation délirante des structures de secours diverses et variées qui démarrent trois semaines sous le signe admirable du bénévolat et de l’altruisme conquérants avant d’exiger, avant la fin du premier mois d’existence, le soutien financier urgent et indispensable des collectivités territoriales et de l’Etat, et donc, au bout du bout du compte, comme toujours, du pognon des rares qui travaillent encore dans ce putain de pays bientôt exsangue…
Alors, Nicole, ta compassion m’émeut, certes, mais ça me toucherait encore plus ton analyse gentillette si tu allais gratter cinq minutes plus profond sur les raisons d’une telle situation… Allez, je t’aide :
-immigration galopante et incontrôlée, d’hier et d’aujourd’hui, qui augmente d’autant la pression démographique
-droit des locataires systématiquement renforcé face au droit des propriétaires qui explique une certaine frilosité du marché.
-déstructuration de la famille, avec toutes les facilitations possibles pour les divorces à l’amiable, les pacs à répétition, les unions libres, les concubinages souverains, les couples recomposés, surcomposés, décomposés… etc… , déstructuration qui crée forcément plus de déclassés et plus de demande de logement.
-idéologie anarcho-libertaire et asociale du refus du travail et de ses contraintes, du refus de la vie installée et de son embourgeoisement mortifère, sauf toutefois quand on se les caille pour de bon et qu’on finit par s’apercevoir que la neige c’est plus sympa sur le toit de la chaumière que sur le pompon du passe-montagne…
-idéologie soixante-huitarde du « vivre sans temps mort, jouir sans entrave » qui a voulu en finir avec le minimum de stoïcisme (courage, effort, endurance..) qui permet d’être autre chose qu’un ectoplasme couché… (Allez un ptit coup du vieux sartre pour la route, la seule phrase qui vaille peut-être dans toute son oeuvre : « Ce qui compte, c’est pas ce qu’on a fait de moi, c’est ce que je fais de ce qu’on a fait de moi »).
-accoutumance généralisée au droit à tout et au zéro devoir qui nous fait des générations d’assistés pour qui tout mouvement de prise en charge ne peut venir que d’ailleurs que d’eux-mêmes…
-et enfin multiplication des structures d’accueil et de soutien, dont tu es, Nicole, l’emblématique exemple, qui font que la compassion anonyme et lointaine, dans notre société, est sans doute la chose du monde la mieux partagée mais qu’elle est aussi le moyen le plus certain de déresponsabiliser les premiers concernés.
Alors bien sûr, je sais aussi qu’il y a la crise, qu’il y a des cas dramatiques où la vie frappe parfois très fort, où la malchance et le sort s’acharnent durement, mais ces cas-là, les relations de voisinage, à quelques exceptions malheureuses près, savent les résoudre. Par contre, pour dix pour cents (et je suis généreuse…) de situations dramatiques qui méritent d’être secourues, combien d’amorphes ou de profiteurs ou de parasites qui jouissent sans entraves d’une compassion devenue folle qui ne sait faire rien autre que soigner sa bonne conscience en distribuant à tout va, les yeux fermés, comme si toute misère en valait une autre…
Et puis, le jour où tes associations réunis poseront les vraies questions sur la misère au lieu de nous balader dans une espèce de philanthropie molle qui permet de pas mettre le doigt là où ça fait mal à la pensée unique, je mettrai peut-être mon obole dans ta sébile. En attendant, je préfère filer un bon pourboire à mon plombier et un chocolat chaud au clodo sympa qui squatte mon escalier…
P.S. Par contre, ma jolie, si tu veux taxer jusqu’au trognon Pinault, Arnault, Bergé, Lagardère, BHL, ou Frédéric Mitterrand, te gêne pas… Et si tu veux installer tous les sdf de l’hiver qui s’avance dans les Musées d’Art moderne et contemporain où ils se referont une santé en écoutant les commentaires avisés de catherine millet, te gêne pas non plus… Y a aussi les locaux de la Halde qui sont pas mal, semble-t-il, 2500 m² je crois… faudrait peut-être en parler au Dal…
Lou qui cherche...
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