jeudi, 16 novembre 2006
Une histoire de "toto"...
Je sens que nous allons vieillir ensemble avec le DD (dominique dhombres) du Monde : le revoici en pleine pleurnicherie humanitaire, vannes lacrymales grandes ouvertes, après avoir visionné sur Canal +, mardi soir, un documentaire sur les prisons françaises. (Faut absolument lire son papier, dans le Monde du 15 ou du 16, intitulé : la honte de la république.).
N'ayons pas peur des mots, c'est lui qui le dit : ce document est "terrifiant", l'état des prisons françaises est "épouvantable", bref c'est l'"enfer". Gageons que dhombres le généreux, dhombres le magnanime, le clément et le miséricordieux n'en a pas dormi de la nuit et qu'il est allé trouver colombani toutes affaires cessantes pour lui demander de verser désormais son salaire de scribouilleux au Comité de Soutien aux Prisonniers afin de soulager sa conscience malade et de tarir enfin le flux lacrymal qui ne le quitte plus... Qu'on se rassure, aux dernières nouvelles, dhombres a finalement bien dormi malgré l'épouvantable, gentiment baisé malgré le terrifiant et bouffé tout son saoûl à midi dans son trois étoiles habituel malgré l'enfer. Quant au salaire à verser aux pauvres prisonniers, il semble que ça puisse attendre encore un peu et que dhombres ait télégraphié à colombani qu'il y avait pas écrit là "saint vincent de paul"...
Si dhombres était seul de sa catégorie, ça ferait qu'un gentil con-con de plus à larmoyer dans son coin, mais ils sont mille, les bougres, à nous bassiner sérieux sur tous les médias, avec leur infinie pitié des taulards qui n'a d'égale que leur magistrale indifférence aux victimes...
Ils vont même m'obliger, ces cons, à parler, moi si discrète d'ordinaire, de moi-même...
Je fus quelque temps, il y a peu, non pas visiteuse de prison mais enseignante en prison, et pas dans une prison de luxe, croyez-moi, mais dans une de ces vieilles prisons pourries et surpeuplées comme il doit bien en rester encore une quinzaine en France. Eh bien, bizarrement, et pourtant ma relation avec les détenus (et c'était une maison d'arrêt, il y avait donc tous les âges et toutes les catégories de coupables) était excellente... bizarrement donc je n'ai jamais vu le quart-monde que l'on dit. J'y ai vu simplement un bahut vieillot où la discipline était bien moins rigoureuse que dans un internat des années soixante, où les taulards avaient souvent des comportements de potaches qui se font pas si mal que ça à leur vie un peu particulière, j'y ai vu des matons cons et des matons sympas, de vraies relations d'amitié ou de camaraderie, des plaisanteries, des crises de fou-rire, et j'y ai vu aussi, ce qui se comprend, des coups de blues, des trucs pas toujours nickel, mais jamais l'enfer permanent que ce débile de dhombres décrit comme s'il l'avait vécu alors qu'il ne l'a jamais vu que sur le papier glacé ou l'écran dégoulinant de ses confrères en médiacratie...
La seule vraie aberration de la prison, dhombres, c'est le mélange des prévenus et des condamnés, des petites et des grandes peines, c'est l'absence de discipline qu'on doit à badinter et qui fait qu'un détenu peut rester au pieu tout le jour si ça lui chante et se désocialiser complet, c'est la télé jour et nuit, c'est le système de "cantine" qui fait que les détenus friqués peuvent bouffer chaque jour chez trois-gros et se promener dans les couloirs vêtus comme des princes...
Quant au fil électrique mis à nu qui te fait si peur, ça s'appelle un "toto" et j'ai jamais vu un seul détenu "risquer la mort à tout instant" avec ça... Faut être aussi con qu'un journaliste pour s'électrocuter avec un "toto" ...et croire sur parole tout ce qu'on lui montre à la télé...
Lou cornette...
08:30 | Lien permanent | Commentaires (13)
Commentaires
Et que pensez-vous de la prison des blogs, chère Lou ? Est-ce l'enfer que certains décrivent (Finkielkraut, Schneiderman) ? Ceux qui laissent des commentaires sont-ils disciplinés ou bien passent-ils leur temps à faire des vannes de mauvais goût ? Votre avis nous intéresse.
Écrit par : Sébas†ien | jeudi, 16 novembre 2006
Pensons que les prisonniers ont un toit. Alors que de nombreux sans-logis en rêveraient.
Écrit par : cadichon | jeudi, 16 novembre 2006
Doit quand même y avoir des prisons pas très salubres, Lou, surpeuplées, surtout en région parisienne ? La prison de Rennes doit être très bien tenue, à l'opposé.
Le hic, surtout, à mon avis, c'est qu'on sait parfaitement comment réduire la population carcérale sans remettre les gamins en liberté. Par la répression policière. C'est ce qu'ils font aux États-Unis, un gamin qui se prend un coup de matraque dans la tronche parce qu'il a insulté un flic, il a moins envie de recommencer. Qui est-ce qui protesterait si des ordres étaient donnés dans ce sens et ferait tout pour exciter le sentimentalisme des Français… "Le Monde" !
Ces éditorialistes du "Monde" sont plus chiants les uns que les autres, peut-être Fottorino l'est-il un peu moins. Mais bonne nouvelle, Lou, on est débarrassé du pire, Bertrand Poireau-Delpech, auteur de romans scouts dans sa jeunesse et qui a passé le restant de sa vie à expier ce péché en tartinant dans "Le Monde" des éditos vains et démagogiques. Requiescat in… ouf !
Écrit par : Lapinos | jeudi, 16 novembre 2006
Moi, très franchement, le docucu des tartes-à-la-con de Canal-PS +, j'ai pas tenu plus de 10 minutes. Et pourquoi, me diriez-vous, si je vous laissais en placer une ? Ben parce qu'à chaque fois qu'on voyait des victimes (je veux dire, des prisonniers), c'était écrit "reconstitution" en bas à droite. Sur Canal, les reportages, c'est de plus en plus comme du Surimi : des p'tits bouts de merde agglomérés qui voudraient ressembler à du vrai et pas sentir trop mauvais.
Autrement dit, on nous reconstitue le cahier des charges et des pleurs des prisons françaises dans ses pages les plus sombres, en nous montrant des auschwitzeries qu'on nous affirme systématiques, des vexations chilo-argentines récurrentes, des chiottes turques pas récurés, etc.
D'accord avec Lapinos, ça doit pas être partout le Club Med (à ce propos, je trouve la remarque de Cadichon poilante), mais bon : c'est-y qu'on va en taule par hasard, au pays des Droits d'Aglaé et Sidonie, je veux dire sauf à tomber sur un proc' jacobin pur beurre qui aiment trop les enfants pas abusés ? Alors s'il est vrai qu'il y aurait beaucoup mieux à faire des milliards que l'on verse aux parasites du dehors en tentant de mettrre en œuvre des programmes de réinsertion pour certains détenus, les conditions de vie de bien des crapules, ordures, lâches, assassins, violeurs et autres pédos ne m'émeut pas plus que ça.
Écrit par : kalle | jeudi, 16 novembre 2006
Absolument d'accord avec vous Lapin, sur une répression un brin plus musclée qui enlèverait aux délinquants l'envie de recommencer. D'accord aussi avec le bon débarras du poireau. D'accord enfin avec l'insalubrité de certaines taules, (et celle où je sévis jadis était pas des plus class...)à condition quand même de pas nous la jouer misérabiliste à chaque reportage... Personnellement, je supporte bien mieux les blattes et les cafards que certains journaleux du Monde... Et comme dit Cadichon, le toit des taulards est pas en carton ondulé...
La prison des blogs, Sébastien ? Je comprends pas. Personnellement je m'en évade assez facilement, ceux qui s'y invitent me font plutôt plaisir et, en plus, les vannes ne sont pas toujours de mauvais goût... Ils veulent dire quoi fink et schnei, que le blog est une addiction...?
Écrit par : Lou | jeudi, 16 novembre 2006
Cadichon a dit ça ?
Écrit par : Lapinos | jeudi, 16 novembre 2006
Disons que c'est une interprétation personnelle agrémentée d'une licence poétique...
Écrit par : Lou | jeudi, 16 novembre 2006
Lou, il y a un loup avec votre hébergeur :
après une contribution, on m'a demandé de taper un code de confirmation et puis... whalou, que dalle, nibe. Envolé le texte.
Bigre, je suis colère.
Écrit par : kalle | jeudi, 16 novembre 2006
"Ils veulent dire quoi fink et schnei, que le blog est une addiction...?"
Leur propos est surtout hostile à internet, qui sape leur autorité. Le premier dénonce les concerts de louange qu’il suscite ("Internet, l’inquiétante extase"), c'est un peu moins vrai aujourd’hui mais son livre a été écrit avant le krach des valeurs de la nouvelle économie. Le second marque son effroi devant certains sites ("Les folies d’internet") dans une série d’articles parus dans Le Monde il y a six ans :
http://perso.orange.fr/renaud.camus/affaire/schneidermann.html
(NB : 'Le jour où j'ai dérivé dans l'enfer des parias' [sic !])
C’était avant l’apparition des blogs mais je ne crois pas que leur opinion ait réellement changé.
Écrit par : Sébas†ien | jeudi, 16 novembre 2006
Kalle, j'y ai eu droit moi aussi il y a quelques jours alors que je "commentais" sur mon propre site... Dois-je m'inquiéter ? Quelques grandes oreilles ou quelques grands ciseaux seraient-ils aux aguêts ? Au fait, ça prend un circonflexe, aguets ?
Merci séb pour l'explication et le site...
Écrit par : Lou | jeudi, 16 novembre 2006
Il y a sur internet comme dans tout média et tout art (à savoir livres, cinéma, journaux .....) le pire et le meilleur.
La liberté d'expression ayant été détruite dans les journaux, elle apparaît dans les blogs (même s'il y en a des mauvais).
Et même si un blog est censuré, rien n'empêche son auteur d'en créer un nouveau et d'atteindre très rapidement un public relativement important.
Cette liberté fait peur à ceux qui cadenassent la presse et la télé et qui se rendent compte qu'il est impossible de faire de même sur internet.
Écrit par : Cadichon | vendredi, 17 novembre 2006
Je crains que votre blog ne soit soumis à une censure dite "automatique" : quand certains mots apparaissent, il y a filtrage. C'est ainsi que les hébergeurs se protègent d'éventuelles attaques "légales" fondées sur les textes de loi liberticides qui pullulent aujourd'hui dans notre joli pays.
Écrit par : kalle | vendredi, 17 novembre 2006
Il est tout a fait interessant de constater que ce type de pleurnicherie nous amene une fois de plus a stigmatiser le contenant et non le contenu, a detourner l’attention du principal en faisant un proces a l’architecte d’interieur coupable d’avoir employe un jaune pisseux a defaut d’un vert apaisant, et d’avoir conseille l’usage de lunettes de toilettes en plastique granuleux au lieu du classique emaille creme.
Cet exercice pervers, envisage aussi pour dedouaner l’immigre qui a foutu le feu a sa chambre d’hotel squattee, permet de ne pas aborder le fond du probleme, qui touche au libre arbitre de la victime. Il ressort d’une discussion que j’ai pu avoir avec le frere d’un ex taulard, que le pire reside certainement dans les humiliations envisagees par les detenus vis-à-vis du plus faible, qui se retrouvera certainement dans la posture d’un milk-shake si il ne trouve rapidement un protecteur de circonstance. Les matons peuvent aussi contribuer, (semble t-il) a punir un detenu de type caucasien au hasard, en le foutant dans un departement ethniquement homogene, ou a fermer les yeux devant des actes de racket qui poussent les prisonniers a finir en tongs/chaussettes pour eviter le harcelement.
Mais ca, c'est plus complique a defendre...
Écrit par : Kamarad Alibekov / PKK | vendredi, 17 novembre 2006
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