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lundi, 27 juin 2005

Des rats dans un égout... (1)



« La démocratie, disait Clémenceau, c’est des rats dans un égout ».
Votre Lou préférée va donc s’occuper alternativement des rats et de l’égout.
Et notre premier rongeur, chafouin boutonneux à lunettes, sera aujourd’hui françois hollande qui, après sa déculottée mémorable au traité constitutionnel etc… , craignant que son insignifiance ne confine au néant et que le doublent alors, sur sa droite ou sur sa gauche, les jospin-fabius-emmanuelli embusqués, ressort le traditionnel coup d’éclat des pleutres : lutte symbolique contre la bête borgne qui monte qui monte et refus courageusement exemplaire d’aller manger avec le diable à la table de villepin… !
Dans le genre « no pasaran », on avait rarement fait aussi nul.

mardi, 21 juin 2005

Du cochon ? (1)



…l’art, le beau, l’esthétique, le sublime… je défaille… musées, galeries, théâtres, opéras… je suis sur le cul… comment sans cela vivre ? seule vraie raison d’exister… mozart, gauguin, ibsen, rodin… qu’il faut toute force avoir lu vu entendu… que sinon infâme béotien… merde insignifiante… fiente insipide… the must, vous dis-je…
Bon. On se calme… sortie de pâmoison… on laisse le pathos au vieil hugo et le tremblement culturel à nomdedieu de fabre, ministre de la culture qui trouve rien d’autre à inviter chez drucker que mamzelle axel red ou kèkchose d’approchant dans un I had a dream à faire gerber ce bon vieux luther king. Basta. Donc, on réfléchit cinq minutes.
Oui, bon, j’écoute don juan, je me barde. J’observe cézanne, j’exulte. J’ouis phèdre, je nirvanise . Je lis faulkner, j’apothéose… Ok, ça me fait du bien partout et même là où je veux pas dire. Ca me grandit l’esprit, m’ouvre le cœur, me fait fondre là où je suis douce et m’empourpre rouge vermillon jusque dans mes moindres intimes replis. Donc, comme disait feue marie-georges marchais, globalement positif.
Mais quand même, de là à jeter aux orties tous les autres non privilégiés, à les considérer de haut et vouloir à tout prix, les untermenschen, les élever jusqu’à moi, y a un gouffre. Car finalement, si on y réfléchit tranquillement, sur les six milliards d’humains qui prolifèrent sur notre misérable globe, sur les centaines de milliards qui y pullulèrent depuis les premiers vagissements de notre mère lucy, combien n’ont pas lu une ligne de malraux, pas entendu une mesure de boulez, pas tâté le mollet du david de michel l’ange, ne se sont pas esbaudi au théâtre de théodore de bèze, n’ont pas pleuré devant turner ni gerbé devant mathilde monnier ou pina bausch faisant des entrechattes sur la scène de la cour d’honneur ? Combien ? Réponse : 99, 99%. Et tous ces milliards-là ne seraient que des pauvres cons qui n’auraient pas vécu, ne sauraient pas ce que c’est que l’amour, la mort, le diable, le bon dieu, papa maman tonton freud et moi !! Oh les intellos, les artistes, on se calme ! Quand vous arrêterez de voir le monde avec vos petites lunettes corporatistes et de vouloir, imbibés que vous êtes de votre grandeur, que tous ne soient rien autre chose que vos propres clones, alors vous réfléchirez deux minutes qu’il y a pas que rembrandt pour nous faire jouir du pinceau (enfin, façon de parler…) mais qu’un piteux crobard vaguement ressemblant à mon tonton marcel c’est pas mal non plus, vous réfléchirez en outre que le calendrier des postes avec angelus de millet en technicolor a orné la cuisine de vos grands-parents pendant des lustres et qu’ils en sont pas morts. Vous vous direz aussi qu’il y pas que dante aligheri pour nous titiller la plume mais que les quatre vers bancals ou bancaux de tatie gisèle pour la communion du petit, ils étaient comme ça !, que quand pépé gabriel il a fait le pétomane pour la soirée des pompiers de norlhac-le-château, on était tous un peu verlaine et rimbaud, et que mamie josépha, avec son accordéon sur ses gros nibards ça vaut bien trois heures de stockhausen…
Bon. Tant de beauté m’a épuisé, j’m’en va gésir. Lou, allongée, mais qui y reviendra…

samedi, 18 juin 2005

Le dormeur du val...

Le dormeur du val…

Doit-on exégéser philippe val, apôtre du oui, philosophe extrême pour temps de crise ? La réponse est rien moins que certaine mais qu’importe, on fait avec ce qu’on a. Et donc, le voilà déjà, dans Charlie hebdo du 15 juin, louangeur de l’albenassière de retour au pays, qui nous assène cette affirmation jolie, que l’opinion, même lorsqu’elle s’abandonne, la salope, à traiter les journaleux de vendus pas fiables, madame opinion, dans sa grande sagesse, « s’émeut et se mobilise lorsque l’un d’entre eux (les journalistes) disparaît ». Et le philippe d’en faire illico bien sûr un argument béton pour la plus grande vertu et la plus grande gloire du monde journaleux. Deux remarques pour dessiller l’auguste : first, mr val qui n’arrête pas dans ses dissertations hebdomadaires de flétrir l’opinion des pauvres cons qui, n’ayant pas accès au concept, sont irrémédiablement perdus pour la raison et donc pour la vérité et ne peuvent donc qu’opinionner au lieu d’opiniâtrement penser, mr val donc, quand ça l’arrange, quand l’opinion va dans le sens de sa boîte à neurones, mr val devient alors le plus ardent des opiniophiles. Ce qui me fait doucement sourire. Segundo, il semble oublier, ce brave philippe, que ce sont les médias justement qui font l’opinion, et que, même avec un minimum d’esprit critique dans la tronche du bon peuple de France, il n’empêche que le formatage à haute dose finit bien par payer et se frayer son bonhomme de chemin dans les bulbes populaires. Sinon, on en viendrait même à désespérer du mensonge…
Exégésons un poil plus loin, dans l’édito traditionnel de la page 3 où notre philosophe s’en va soudain chantant les louanges du démocrite d’abdère pour nous expliquer que tout est matière et que donc ce qui n’est pas matière n’existe pas ou l’inverse, et que de toute manière, ce qui n’est pas matière n’offre aucun intérêt pour nous. D’autant, ajoute val, qu’il « ne faut pas être très fute-fute pour se passionner pour ce qui n’existe pas ». Et donc, corollaire, ce pour quoi l’on ne se passionne pas n’existe pas.
Bon… euh… cet arbre ne m’intéresse pas du tout : je me fous de son ombre car j’aime le soleil, je me fous de son bois car je me chauffe au fioul, je me fous de ses feuilles car je déteste les infusions, je me fous de sa forme car je préfère les biscotos de mon jules. Bref, cet arbre dont je me contrefous dans les grandes largeurs n’est pas de la matière et donc n’existe pas. Et tant pis pour les agents municipaux qu’arrêtent pas de l’arroser, les cons, alors qu’il n’est qu’un néant et que c’est une pitié de gaspiller ainsi l’eau pourtant si précieuse…
Par contre, dieu m’intéresse au plus haut point : il a créé le ciel et la terre et niko sarko qui s’y promène dessus, il joue à cache-cache avec nous dans l’hostie et se révèle enfin dans l’ostensoir, les grandes orgues chantent sa gloire et s’il voudrait, dieu, il me ferait gagner à la prochaine cagnotte du loto ou, sadique, me refilerait un cancer du bras droit si j’oubliais de me signer devant un oratoire… Donc Dieu existe, il existe tellement qu’il est matière, matière à penser, à prier, à blasphémer et même matière tout court puisque je le vois partout suspendu en plâtre de saint-sulpice à une croix d’où il faudrait songer un de ces jours à le descendre parce que ça commence à faire long et que même quand on est dieu, matière et democritovalesque radical, on peut aussi choper des crampes… Que philippe val de charlie hebdo en vienne à nier l’existence des arbres et à affirmer celle de dieu, voilà qui va faire causer dans la chaumière à cavanna…mais qui ne peut que réjouir les attardées spiritualistes que nous sommes…
Mais nous ne sommes pas au bout. Tout cela n’était que préliminaires et nous allons entrer ahora dans la chaleur torride du concept : l’avventura é l’aventurra, nous voici entre le social et le national comme entre le marteau et l’enclume, et l’ombre de l’oncle adolf flotte déjà sur la marmite. Et si le social peut avoir quelques charmes pour le dirlo de charlie-hebdo affalé dans son confortable et profond fauteuil de cuir, le national, lui, n’est qu’infâme merde passéiste, « sales nations, dit-il, vieilles, égoïstes, paranoïaques, aigries, tristes, barbotant dans le radotage de leur passé révolu ». Fermez le ban. On sent tout de suite la hauteur de vue et la force de la pensée arc-boutée sur une exigence de rationalité qu fait honneur à l’hypothalamus valien. Et donc, le « grand horizon politique de l’avenir », car mr val vaticine par moments, c’est « la disparition de ces nations qui font dépendre leur norme sociale de leur étanchéité au monde ».
Philippe le grand, sauf votre respect, ne manquerait-il pas de logique ? Car cette europe qu’il appelait de ses vœux, qu’est-elle d’autre qu’une « nation » un peu plus grande, c’est à dire un espace qui tend forcément à s’étanchéifier et donc à se fermer au reste du monde ? C’est le monde qu’il faut penser, philippe, et arrêter de nous la jouer minable petit localiste. Même avec un gros cul, l’europe n’est rien d’autre qu’un de ces vieux, égoïstes et paranoïaques empires qui fleurissent sur la destruction des nations pour mieux mourir dans la reconstruction des tribus.
Il est tard. Si l’internationalisme et le mondialisme que val appelle de ses vœux était la solution à tous nos problèmes, ça se saurait. La s.d.n. aurait pas eu besoin de se transformer en o.n.u. et kofi miam-miam aurait pas eu besoin de caser fiston dans le pétrole. Quant aux deux révolutions que nous connaissons le mieux, 89 et 17, et qui toutes deux ont voulu faire partager au monde leur universalité pleine de bonnes intentions et leur refus des frontières nationales du vieux monde promis aux poubelles de l’histoire, elles ont surtout réussi ce tour de force de développer à l’infini, au nom du bien, la plus grande masse possible de mal, de souffrance et de mort. Et c’est pas la mondialisation libérale d’aujourd’hui qui va arranger les choses. Le social (ou le libéral) à l’échelle internationale, on le voit, c’est du grand art !
Ce qu’oublie philippe val dans ses élucubrations c’est que l’homme a un corps (Montaigne : « notre condition est merveilleusement corporelle… »), qu’il n’est pas un pur esprit, qu’il est non pas englué mais tissé des mille fils qui le lient à un lieu, un moment, des paysages, des communautés, des hommes, des mentalités, des cultures, au réel, tout simplement. Et faire de ces liens, systématiquement, des chaînes, (ce qu’ils peuvent être aussi parfois) c’est fausser le débat pour s’y donner le beau rôle. Et ça, c’est au moins aussi sale, vieux, et parano que ces soi-disant « nations » qu’on abhorre et qu’on charge de tous les crimes pour mieux les critiquer et qui sont, pourtant, comme le disait Maurras, des amitiés… Lou, qui va se coucher.

mercredi, 15 juin 2005

Retour d'irak

Ah putain ! ça y est… mathilde est revenue… florence la sainte, la douce, la brave, courageuse, souriante, pleine d’humour… nouvelle pucelle…montjoie saint denis… la voilà rapatriée dans nos foyers… partout présente… invitée notre table… et qu’on arrête même la course du monde… terre enfin immobilisée… c’est galilée qui va faire la gueule, florence est revenue… son guide aussi, oui, l ‘autre arabe, là, l’hussein hanoun qu’on avait rajouté in extremis sur les photos pour point avoir l’air con raciste… alleluia, la voilà saine et sauve après abominable martyre… tedeum à notre-dame et 20 pages de libé… 400000 exemplaires… beau coup de bizness en plus… tout bénef pour le july et sa bedaine de bourge… florence ci, florence là, son humour, son sourire, son château XVI°, sa piscine, son tennis… papa maman la bonne et moi… nous l’avons tant aimée… y sont venus y sont tous là… toutes les grandes âmes universelles… les aboyeurs du concept… les apatrides réunis, les transnationaux furieux, les internationalistes impénitents, les zeuropéens grand cru… tous vautrés dans le plus petit infime local possible… couchés sur la plus proche proximité… non point une nation, une communauté, un village, un club… mais un corps, un corps unique, minuscule, que plus local que ça tu meurs (si j’ose dire), la flo en l’occurrence… en l’occurrence mignonne et souriante… en l’occurrence du bon côté du manche, côté libé, la bonne garantie démo-gaucho caviardesque… 20 pages vous dis-je et chirac enfin adulé, raffarin béni, barnier encensé… gouvernement de merde ? point du tout… nous ont rendu la flo… et les infâmes libéraux capitalistes honnis de devenir soudain les monsieur propre de la politique… oubliés les sandwiches honteux de jadis, les emplois fictifs, les magouilles diverses et variés, les copinages avec seillère… embrassons-nous folleville… Et que crèvent pendant ce temps 45 irakiens par ci, 33 afghans par là, la joggueuse du commandant X dans les allées du parc voisin, que meurent du palud 100000 africains par jour… de la mouche tsé tsé, du sida… de tout ce qu’on veut… on s’en branle complet… florence est revenue… 1500 agents de la dst sur les dents, c’est pour la flo, les mobilisations, déclarations, pétitions, poèmes, inaugurations, enfants des écoles, dessins, films, affiches, photos géantes sur la tronche au delanoé, c’est pour la flo, c’est pour la flo… et accessoirement pour se réjouir la bonne conscience, pour pouvoir dire j’y étais, pour montrer son blaze à tout un chacun, arborer sa grande humanité compatissante et ses jolis poèmes dans télérama… 157 jours qu’on dort plus, qu’on bouffe plus, qu’on baise plus… que même pas on s’intéresse au festival de cannes, qu’on a délaissé les coktails, les pots avec les copines… la vie enfin va pouvoir reprendre… florence est revenue…
Alors premièrement, fallait peut-être pas qu’elle y aille en irak… Oui, mais l’impérieux devoir de vérité du journaliste, seul capable de tout bien dire les choses comme elles sont… cetera… cetera… Mes couilles l’impérieuse vérité ! La flo, ni plus ni moins que les autres, elle est allée là-bas parce que le pays lui plaisait et que c’était moins cher que nouvelles frontières, parce qu’elle aime l’aventure dans les hôtels quatre étoiles et les ambassades, parce qu’elle était payé royal de luxe par le beau serge et que ça allait lui permettre de changer la moquette du loft. Pourquoi toutes ces raisons humaines, simplement humaines, ne nous sont-elles jamais présentées ? Pourquoi vouloir à tout prix nous faire croire à je ne sais quel héroïsme alors qu’il n’y a rien d’autre que du petit ego bien gentil et bien commun ? Et la flo elle-même, avec tout son grand sourire et sa sympathie, pourquoi elle s’est pas offusquée une seconde dans sa conférence de presse de tout le ramdam fait pour sa pomme alors qu’il y a là-bas, justement, en irak où elle villégiaturait à l’ombre, à tous les coins de rue et pas pendant 157 jours mais depuis deux ou trois ans, de la bidoche explosée, femmes enfants vieillards tout confondus ? Hein, flo, pourquoi ?
Quand un pauvre con d’adjudant-chef de l’armée française se fait trouer le cadavre à bamako, kinshasa ou kolwezi, est-ce qu’ils se bougent tous les généreux journalistes, est-ce qu’ils défilent, chroniquent, brandissent, manifestent, est-ce qu’ils portent des fleurs à la famille, chantent des hymnes de solidarité aux quatre coins des ondes ?
Deuxièmement, 157 jours à l’ombre, avec pas plus, paraît-il, de 80 mots par jour et 24 pas, bon, ok c’est pas simple. Mais les qui crèvent chez nous chaque jour de l’insécurité, du crime, de la délinquance, c’est pas 5 mois à l’ombre, mais l’éternité. C’est pas 80 mots par jour, c’est la bouche pleine de terre pour toujours, c’est pas 24 pas c’est le sapin bien fermé ad aeternam et les vers qui attaquent les bas morcifs. Mais ceux-là qui ont pas la chance d’être du sérail et d’avoir la jolie frimousse aubenassière et l’entregent du julot, ceux-là y z-auront qu’un vieux père, un oncle, un fils pour les pleurer pendant trente ans, loin du barnum médiatique. Ceux-là y publieront pas dans six mois leurs mémoires en tête de gondole avec droits d’auteur à la clé, y z-iront pas sur tous les plateaux télé du prime time à 5000 balles la soirée pour faire frissonner le populo.
Car la flo, aussi sympa soit-elle, c’est pas une sainte. Elle a son misérable tas de petits secrets comme tout le monde, comme toi et moi. Mais ça, silence radio. On verra que la face resplendissante de la nouvelle pucelle d’orléans que les irakiens n’ont même pas brûlée… C’est ça l’information démocratique. Tu t’appelles sarko ou le pen (c’est pas bien pareil, je sais…) t’es qu’un horrible monstre sécuritaire. Tu t’appelles flo, t’écris dans libé, tu es degôche, te voilà aussi sec promue panthéonisable avec falcom 13 à villacoublay, tapis rouge et rictus souriant du chirac mécanique redevenu soudain présentable…
Dernière chose : la flo qui ne dit pas tout, qui en garde sous le pied, qui a été briefé par la dst pour dire que la vérité utile… Ce fût-ce qui que ce soit d’autre méchant style julia, bouhhh !! l’horrible mensonge, la salope qui délivre vérité officielle, l’immonde qui accepte la censure… etc… Eh bien là, non . Tous les rebelles iconoclastes, les july-rueurs de brancards, les libertaires anarchistes estampillés, de trouver cent mille excuses aux mensonges de florence… les roumains connais pas… la rançon, j’ignore… didier julia, I don’t know… Et tous les plus purs journaleux de l’unique et imprescriptible vérité justice quoi qu’il en coûte d’accepter en chœur et dans l’extase ce qui ailleurs serait immonde abaissement… Il est tard, tout ce corporatisme rance me file la gerbe. Ciao… Lou, fatiguée. 15/06/05.