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jeudi, 12 janvier 2006

Loi Gayssot : septième leçon...

Libé du 10 janvier publie un texte de Claude Lanzmann (« Universalité des victimes ») où le gardien sourcilleux du temple shoahtique se positionne tout remonté contre les méchants historiens qui veulent abolir la loi Gayssot. Mais le brave Lanzmann se prend un peu les pieds dans le tapis…

 

1/ Il commence par affirmer que « la concurrence des victimes est abjecte », pour, deux lignes plus loin, affirmer tranquille comme Baptiste que les Juifs sont bien plus victimes que les Noirs puisque dans leur cas, il y avait, en plus des souffrances, « visée d’extermination ». Bon, alors, on compare ou on compare pas ? Faudrait savoir…

 

2/ Il continue en proclamant que la shoah est le « désastre le plus paradigmatiquement (c’est un peu long, mais ça fait son effet) antihumain du XX° siècle » et, grand seigneur, il suggère qu’accepter cette affirmation résoudrait enfin le problème de « guerre des mémoires ». Mutatis mutandis, quand tout le monde reconnaîtra que picasso est le génie indépassable de la peinture, on pourra s’occuper en seconde main de l’œuvre de cézanne ou de jackson pollock… Pour éviter la concurrence, créons un monopole… !

 

3/ Il poursuit en disant que la loi gayssot ne limite en rien la « liberté de l’historien » et qu’elle n’est que le rappel « de l’obligation de vérité ». J’ai l’impression qu’il saute une case, papie lanzmann, et qu’il oublie de nous dire qui déterminera ce qui est vrai et ce qui est faux : le transporteur gayssot ou la libre discussion entre historiens… ?

 

4/ il enchaîne ainsi : « Il est absolument contraire à l’universalité de l’humain que l’ex-colonisateur fasse de son propre chef le bilan du passé, se décerne les bons points…etc… ». Ne serait-il pas un brin contraire à l’universalité de l’humain que l’ex-vainqueur, le soviétique par exemple qui en matière de libertés et de camps avait une sacrée expérience, que l’ex-vainqueur juge le vaincu et se décerne tous les titres de gloire… ?

 

5/ il s’avance doucettement vers la conclusion en murmurant que la shoah est le « crime parfait », celui qui « efface ses propres traces ». On voudrait juste lui rappeler, à l’ancêtre, que dans le crime parfait, l’assassin n’est jamais connu, retrouvé, jugé et condamné. Qu’est-ce qu’on fait alors de Nuremberg, les Klarsfeld et feu simon wiesenthal… ? C’est quoi ou qui qu’on jugeait là-bas et sur quelles bases s’il n’y avait pas de traces… ?

 

6/ Il conclut enfin, révélant exactement sa haute pensée rationnelle et son absence d’affect, en évoquant les « ordures négationnistes », ce qui sans doute doit lui faire beaucoup de bien là où ça passe mais qui ne fait pas avancer d’un cheveu le schmilblick historique… L'insulte et l'anathème n'ont jamais fait un argument...

 

7/ Retour aux premières lignes, pour finir : « La Shoah a été l’événement du XX° siècle le plus central peut-être, l’événement de notre présent, un événement qui n’a pas trouvé sa fin ». Si cet événement n’a pas trouvé sa fin, c’est sans doute dû aux gratteurs de mémoire comme lanzmann qui sont beaucoup plus forts pour râcler ad aeternam la mémoire de l’horreur d’un nazisme mort depuis 60 ans que pour lutter hic et nunc contre un communisme totalitaire et meurtrier qui a commencé bien avant et qui se poursuit, aujourd’hui encore, bien après…

 

8/ Lanzmann ne serait-il finalement qu’un homme comme les autres : « en proie à la passion, au préjugé, au mensonge, à l’ignorance » ? C’est bien la peine alors de se poser en donneur de leçons…

 

Lou impertinente…

 

 

 

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