jeudi, 09 février 2006
Chevalier Lévy de la Barre...
Libé, hélas, toujours et encore. 8 février. Il eût été surpenant de ne point entendre causer du chevalier de la Barre et de sa langue arrachée… C’est Maître Lévy qui s’y colle… Passons. Il écrit ceci, cependant, qui mérite commentaire : « La religion s’échappe ainsi de la sphère privée qui est la sienne et s’empare à nouveau de la vie publique. » Hola, tout beau ! mais qui donc a décrété que la religion devait s’en tenir à la sphère privée sinon les anti-religieux ! Cela n’est une évidence que pour eux. Les religieux, eux, n’ont jamais dit ça. Omnia instaurare in Christo disait Pie X. Et toute la saloperie de Lévy consiste à faire croire que cela, c’est de la théocratie. La théocratie, cher avocaillon, faudra peut-être retourner aux cours de première année de droit constitutionnel, c’est quand le religieux absorbe le politique. L’état chrétien, c’est celui dans lequel le souverain se réfère aux valeurs chrétiennes tout en maintenant l’autonomie et l’indépendance du pouvoir religieux et du pouvoir politique chacun dans sa sphère.
Quant à la phrase du baron d’Holbach que cite Lévy en conclusion de sa bafouille : »Quand on voudra s’occuper utilement du bonheur des hommes, c’est par les dieux du ciel que la réforme devra commencer. », on lui rappellera que c’est par là que le marxisme a commencé et que ça a pas spécialement réussi…
Lou mal barrée…
08:36 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Moi c'est la notion même de sphère publique (plus exactement le terme 'sphère') que je conteste.
Chacun sa propriété et le monde s'en portera pas plus mal.
Ce à quoi tu ne veux pas avoir à faire et bien personne ne t'y obligera.
Écrit par : Ash | jeudi, 09 février 2006
Ouh...! t'es sûr de toi, là, Ash ? Chacun sa propriété, ça veut dire quoi exactement ? Serait-ce "l'unique et sa propriété" de Stirner ? Je fais un peu la savante, mais je connais que le titre...
"Ce à quoi tu ne veux pas avoir à faire et bien personne ne t'y obligera"... Y a bien quand même, de temps en temps, des lois ou des décisions du pouvoir politique qui viennent influer, que tu le veuilles ou non, sur ta "propriété"... ne serait-ce que... les impôts !
J'attends la suite . Merci.
Écrit par : Lou | jeudi, 09 février 2006
"Chacun sa propriété, ça veut dire quoi exactement ? Serait-ce "l'unique et sa propriété" de Stirner ? Je fais un peu la savante, mais je connais que le titre..."
La propriété est avec la liberté ce qui appartient à l'homme et qui découlent tous deux de la notion de responsabilité.
La propriété désigne l'ensemble des choses sur lesquels une personne dispose de droits exclusifs (propriété individuelle) ou partagé avec d'autres (propriété collective, copropriété).
Et pour commencer on est une propriété de soi-même. Cela revient à parler de la liberté individuelle.
Stirner était un anarcho-capitaliste qui déviait un peu des autres libéraux/libertariens dans le sens où il refusait la notion de Droit Naturel qui leur est si cher. Il aimait enfoncer le clou et préférait parler d'égoisme que d'individualisme (le "Moi absolu"). Assez provoc le monsieur.
Mais la logique de fond rejoins la réflexion libérale visant à démontrer qu'une association libre vaut mieux que l'action d'un Etat ou d'une société coercitive.
"Y a bien quand même, de temps en temps, des lois ou des décisions du pouvoir politique qui viennent influer, que tu le veuilles ou non, sur ta "propriété"... ne serait-ce que... les impôts !"
En fait je conteste la légitimité de la chose (ou en grande partie).
Vaste débat. Euh oui je suis un libéral.
Minarchiste, dont entre le libéralisme classique et le libertarianisme (pas confondre avec libertaire). Je n'aimerai garder l'Etat que dans les domaines où il s'avère vraiment indispensable.
Mais bon on va pas vraiment en débattre. Je suis ici pour lire :)
Écrit par : Ash | jeudi, 09 février 2006
Minarchiste, je suppose que ça veut dire Monarchiste, à moins que ce soit une autre variété de politique qui m'échappe. Moi aussi je ne veux garder l'Etat que dans les domaines indispensables. Maurras appelait cela l'état-minimum (qui n'a encharge que le "régalien"). Il disait aussi que l'Etat est le fonctionnaire de la société. Et son état à lui, et à moi, c'est la minar..., pardon, la monarchie... On doit pas être loin d'être d'accord... n'est-ce pas ? Haro sur le gros animal... sus au Léviathan ! Salut, ash.
Écrit par : Lou | vendredi, 10 février 2006
Oui voilà tout à fait, l'Etat Régalien : Police, Justice, Défense. C'est vrai que Maurras l'évoquait également.
Bien que lorsque je vois l'état de la Police après la Saint-Sylvestre et lors de l'affaire du train, j'ai des doutes concernant l'utilité de la chose....enfin je suis surtout pour l'auto-défense dans ce domaine. C'est déjà le far-west sans le port d'arme de toute manière. (petit HS)
Le minarchisme est une théorie politique appelant de ses vœux un État minimum.
Il y a certe un point commun avec le monarchisme quant à la notion et le rôle de l'Etat.
Cependant La monarchie implique qu'une personne (plus ou moins) fasse respecter à elle seul le Droit établi et qu'elle n'en dévie pas une seule fois lui et son engeance à venir (non?). Même dans un pouvoir limité aux seules fonctions Régaliennes j'ai un peu peur que cela change très vite. Pour moi ce n'est jamais un problème de personnes (le Roi comme le président peuvent être parfaitement intégres) mais de systèmes qui pervertissent les uns et les autres. Donc je ne pense pas vouloir en revenir à la monarchie pour autant, le Roi accumulant trop de pouvoirs pour une seule personne. Quelque part on retombe un peu sur nos pieds selon moi. Les Rois n'ont pas toujours fait figurations comme aujourd'hui certains le sont en Europe.
Le minarchisme est probalement en dérivation du monarchisme mais restant néanmoins dans le cadre de "l'état". C'est préférable selon moi.
Sus au Léviathan, en effet.
Écrit par : Ash | samedi, 11 février 2006
Week-end chargé, Ash, mais le débat continue ultérieurement et dès que possible... Ma question sur le minarchisme que j'ignorais serait : dans cet état minimum, qui détient le pouvoir et comment celui-ci est-il désigné...?
Écrit par : Lou | samedi, 11 février 2006
L'Etat minarchiste revient à parler en quelque sorte d'Etat-gendarme. Je reprends une définition du Wiki :
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L'État étant caractérisé comme un monopole de la violence, la théorie de l'Etat gendarme limite ses prérogatives légitimes aux seuls domaines où la violence est justifiée, les « fonctions régaliennes » de l'État : le maintien de l'ordre (la police), la justice, la défense du territoire.
Cette conception est défendue par les libéraux classiques et les libertariens de la tendance minarchiste.
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Et une citation :
* "Tout ce à quoi le pouvoir dont il s'agit doit être employé, c'est à faire des lois, et à y joindre des peines; et dans la vue de la conservation du corps poliique, à en retrancher ces parties et ces membres seuls qui sont si corrompus qu'ils mettent en danger ce qui est sain. Si l'on infligeait des peines à d'autres, la sévérité ne serait point légitime." (John Locke)
Quant à savoir qui le désigne j'avoue sécher. Qui a désigné l'Etat actuel ? La Révolution ?
Disons alors que s'instaure une forme de contrat réel entre l'état et les individus. Les arbitres sont naturellement ces derniers. L'état possède donc encore des "gouvernants", c'est la différence avec le libertarianisme (anarcho-capitalisme).
Le principal problème réside dans la manière de construire un système politique qui empêche le gouvernement d’accroître son pouvoir progressivement et d’abuser de sa position dominante. Différentes solutions ont été apportées pour résoudre cette difficulté: le constitutionnalisme, la séparation stricte des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, la démocratie et le fédéralisme. On peut déjà exclure les deux derniers qui ne sont que la dictature de la majorité capable de légitimer les pires choses qui soient. Ce n'est pas parce que c'est légal, que c'est forcément bien. Et inversement. D'où la simple notion de Droit Naturel chez certains.
Mais être pour un état minimal (« veilleur de nuit ») impose quand même d'être conciliant avec beaucoup de choses. Ca implique de se servir autant de sa main gauche que de sa main droite
et de respecter les valeurs de chacun tant qu'elles ne vous nuisent pas.
Et au fil de mes conversations c'est généralement ce qui bloque chez les gens.
C'est pourquoi historiquement seul le libéralisme classique avec le penchant libéral-conservateur à droite (qui veux bien libéraliser l'économie) ou Social-libéral (qui veux bien libéraliser les moeurs) sont apparus pour l'heure. Mais les deux ont un point commun intéressant qui est la restriction du rôle de l'Etat.
Enfin l'histoire retient surtout des Reagan et des Tchatcher, la gauche étant engluée dans le marxisme, cela l'entraîne plus à fomenté un renversement des valeurs (inversion de la Raison) qu'à libéraliser la vie privée des gens. C'est pourquoi on définit plutôt les libéraux comme étant à droite, c'est vrai pour certains mais pour moi ça ne veut strictement rien dire.
Les vrais libéraux veulent éviter le plus possible la politique, gauche et droite ne sont que deux conservatismes qui lui sont opposé.
Voilà un peu pour mon analyse. Je ne sais plus trop ce que disait Maurras mais il devait probablement se ranger parmi certains libéraux-conservateurs, je le vois mal défendre certains principes libéraux et par conséquent ce qui découle d'état Régalien. Car pour imposer un conservatisme il faut un état imposant. Pour ma part je définirai le vrai conservatisme comme une simple question d'héritage. Mes pères m'ont légué une Histoire et des valeurs (Occident) et je tiens à les "conserver" mais non les imposer.
Je regrette que la politique en a fait un concours de quéquettes.
Voilà là j'ai un peu tout dit :)
On part un peu loin, c'est le propre de tout débat sur le sujet (ou avec moi :p ).
Écrit par : Ash | samedi, 11 février 2006
Oula pas mal de redondance :)
J'en profite pour préciser que si je qualifie la Droite et la Gauche comme deux conservatismes s'opposant, c'est parce qu'ils ont acquis une structure politique (-isme) ce qui ramène tout problème à une affrontation idéologique (plus ou moins).
Tout comme l'Etat n'a été que la matérialisation des ordres religieux en son temps (l'inquisition faisait respecter les lois non ?), le vent tourne mais la girouette reste la même. Peu d'altérité au final.
Écrit par : Ash | samedi, 11 février 2006
Salut Ash ... Hou la la ... tu me fais tourner la tête... beaucoup de retard... et il est tard...
-non les rois n'avaient pas trop de pouvoir en une seule personne. La formule traditionnelle de l'ancienne monarchie était : le Roi en ses conseils, le Peuple en ses états.
-aux fonctions régaliennes, il faut ajouter l'arbitrage indispensable parfois entre groupes sociaux, territoires, intérêts économiques...
-la question de la désignation du pouvoir est capitale. La grande tare de la démocratie vient essentiellement de son mode de désignation qui institue une course permanente au pouvoir, course qui monopolise toutes les énergies au lieu de les faire servir au bien commun, course qui crée les partis, le clientélisme et la vision politique à courte vue.
-Ash, tu devrais lire ou relire "Mes idées politiques" de Maurras, ça éclairerait bien des chose et bien mieux que je ne saurais faire...
A bientôt...
Écrit par : Lou | mardi, 14 février 2006
"-non les rois n'avaient pas trop de pouvoir en une seule personne. La formule traditionnelle de l'ancienne monarchie était : le Roi en ses conseils, le Peuple en ses états."
Sans doute mais nous ne sommes plus au temps du moyen-âge. Les gens ne sont (paradoxalement) plus aussi libres qu'auparavant. Je ne pense pas qu'une monarchie ne puisse dériver au final vers un une forme d'état similaire au notre.
"-aux fonctions régaliennes, il faut ajouter l'arbitrage indispensable parfois entre groupes sociaux, territoires, intérêts économiques..."
Je pense au contraire qu'il ne faut surtout pas rentrer là-dedans. L'état n'a pas à mettre son grain de sel dans l'économie ou dans la vie privée des gens. On peut d'ailleurs constater que plus il en fait et plus les choses empirent. Et quand ça ne marche toujours pas on vous répête inlassablement que c'est parce qu'il ne fait pas assez (jamais bien). Non désolé, coupons le cordon !
"-la question de la désignation du pouvoir est capitale. La grande tare de la démocratie vient essentiellement de son mode de désignation qui institue une course permanente au pouvoir, course qui monopolise toutes les énergies au lieu de les faire servir au bien commun, course qui crée les partis, le clientélisme et la vision politique à courte vue."
La faute au holisme ?
http://www.copeau.org/index.php?2004/11/26/164-liberalisme-et-democratie---1
"-Ash, tu devrais lire ou relire "Mes idées politiques" de Maurras, ça éclairerait bien des chose et bien mieux que je ne saurais faire..."
Sans doute, merci du conseil.
Écrit par : Ash | mardi, 14 février 2006
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