dimanche, 28 mai 2006
Maurras et le cercle Proudhon...
"La démocratie idéale est la plus sotte des rêveries. La démocratie historique, réalisée sous les couleurs que lui connaît le monde moderne, est une maladie mortelle pour les nations, pour les sociétés humaines, pour les familles, pour les individus. Ramenée parmi nous pour instaurer le règne de la vertu, elle tolère et encourage toutes les licences. Elle est théoriquement un régime de liberté ; pratiquement elle a horreur des libertés concrètes, réelles et elle nous a livrés à quelques grandes compagnies de pillards, politiciens associés à des financiers ou dominés par eux, qui vivent de l'exploitation des producteurs.
La démocratie, enfin, a permis, dans l'économie et dans la politique, l'établissement du régime capitaliste qui détruit dans la cité ce que les idées démocratiques dissolvent dans l'esprit, c'est à dire la nation, la famille, les moeurs, en substituant la loi de l'or aux lois du sang..."
Maurras.
Lou endimanchée...
20:21 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Une bonne analyse début mais ça se gâte vers la fin, c'est dommage. Bref du Maurras.
Écrit par : Ash | dimanche, 28 mai 2006
Quand on critique le capitalisme, Ash s'hérisse. Par contre pourquoi ce texte s'appele t'il "Maurras et le cercle Proudhon"? A-t'il été rédigé dans ce cercle?
Écrit par : Cadichon | dimanche, 28 mai 2006
C'est surtout quand on le matérialise en un système politique ce qui n'a de fait aucun sens. Hormis ça il y a beaucoup de capitalisme que je dénonce.
Sinon bonne question.
Écrit par : Ash | lundi, 29 mai 2006
Cadichon, ce texte est paru dans "l'Action française et la religion catholique", chapitre IV : Proudhon. Maurras y explique, en réponse aux ataques débiles d'un cureton démocrate, l'abbé Pierre (!), comment et sur quelles bases s'est fondé, à l'Action française, le "Cercle Proudhon" :"Les Français qui se sont réunis pour fonder le Cercle Proudhon sont tous nationalistes. Le patron qu'ils ont choisi pour leur assemblée leur a fait rencontrer d'autres Français, qui ne sont pas nationalistes, qui ne sont pas royalistes, et qui se joignent à eux pour participer à la vie du Cercle et à la rédaction des Cahiers. Le groupe initial comprend des hommes d'origines diverses, de conditions différentes, qui n'ont point d'aspirations politiques communes, et qui exposeront librement leurs vues dans les Cahiers. Mais, républicains fédéralistes, nationalistes intégraux et syndicalistes, ayant résolu le problème politique ou l'éloignant de leur pensée, tous sont également passionnés pour l'organisation de la Cité française selon des principes empruntés à la tradition française, qu'ils retrouvent dans l'oeuvre proudhonienne et dans les mouvements syndicalistes contemporains..."
On parlait peu de pluralisme et de tolérance à l'époque, mais on savait ce que c'était que penser...
Écrit par : Lou | lundi, 29 mai 2006
Ash, je pense pas que maurras assimile capitalisme et démocratie. Il dit simplement que la démocratie a favorisé l'apparition et le développement d'un capitalisme libéral (la fortune anonyme et vagabonde) qui dissout le lien social en supprimant les protections sociales élémentaires et en faisant de l'individu le mètre-étalon du politique...
Écrit par : Lou | lundi, 29 mai 2006
... Il ne se contente pas de supprimer le principe de protection sociale : il remplace la valeur sociale du travail par la plus-value financière générée en rentabilité ou à travers des actifs (sacro-saint principe du retour IMMEDIAT sur investissement). La dérégulation du système capitaliste a pour conséquence parfaitement naturelle le principe de rentabilité maximum, quel qu'en soit le coût social. En cela le capitalisme doit impérativement être encadré. Mais on arrive là dans un autre choix de société.
Écrit par : kalle | lundi, 29 mai 2006
C'est d'ailleurs pour cela, kalle, que Maurras détestait davantage la démocratie que le socialisme. Citations :
"Le grand mal ne vient pas du Communisme, ni du Socialisme, ni de l'Etatisme radical mais de la démocratie. Otez la démocratie, un communisme non égalitaire peut prendre des développements utiles à la lueur d'expériences passées... Pour la même raison, un Socialisme non égalitaire conformerait son système de propriétés syndicales et corporatives à la nature des choses, non à des utopismes artificieux..."
"Il n'y a pas un seul mal, le prolétariat. Il y a deux maux : le prolétariat et le capitalisme. De leur confrontation ressort l'idée de leur antidote commun.
Quel antidote ? L'incorporation du prolétariat à la société par l'opération des forces politiques et morales autres que le Capital : les forces du Gouvernement héréditaire, de la Corporation et de la Religion, qui ôteront au Capital son "isme" despotique, l'empêchant de régner tout seul."
Écrit par : Lou | lundi, 29 mai 2006
C'est là une autre définition du Fascisme italien... On parle bien d'un socialisme utile qui, par le biais de syndicats représentatifs débarassés du principe absurde de "disctature du prolétariat", peuvent être paritairement associés au progrès de l'économie capitalistique et socialement protégés par l'État garant. Bref, un socialisme qui incorpore au lieu de désagréger et sait profiter intelligemment de certaines vertus du capitalisme.
Sur la similarité naturelle du capitalisme et du marxisme : oui, ce sont deux systèmes qui reposent sur la monétarisation de toute chose et s'appuient sur le principe de ressources inépuisables. Donc deux systèmes condamnés par avance si on leur laisse la bride au cou. Enfin pardon, déjà RIP pour l'un d'eux !
Écrit par : kalle | lundi, 29 mai 2006
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