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samedi, 17 juin 2006

Troublante mémoire...

Un article de Vincent Duclert, prof d'histoire à l'Ehess, dans Le Monde d'il y a deux ou trois jours. C'est vous dire la garantie ! Et que réclame le grand historien officiel ? Pas moins que le transfert des cendres de Dreyfus au Panthéon ! Avec des arguments époustouflants, comme quoi l'alfred aurait été d'un courage étonnant, d'une grandeur d'âme à couper le souffle, d'une exemplarité remarquable et d'une innocence absolue...

Et pourtant, pourtant, tout est-il si clair dans l'acquittement du Capitaine ? J'ai pas fait de longues études juridiques, mais je m'en tiens au Maurras de 1949 qui accuse la Cour de Cassation de l'époque d'avoir "violé, fraudé, falsifié l'article 445 du Code de Justice Criminelle". Accusation qui n'a jamais été récusée... et pour laquelle Maurras n'a jamais été poursuivi... !!!

Les prochains nominés du Panthéon devraient être dans l'ordre d'apparition à l'écran : le maréchal Bazaine, la charmante Mata-Hari et Maurice Thorez... Liste non limitative.

Lou trahie...

Commentaires

De toute façon, le panthéon est un lieu païen. La croix du fronton en a été enlevée pour les funérailles de Victor Hugo. L'auteur des Misérables a réussi l'exploit de chasser Dieu.

Aussi, est-ce vraiment un honneur que de reposer dans ce temple du paganisme ? Certains voudraient y transférer les restes de Marc Bloch. Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée.

Écrit par : Sébas†ien | samedi, 17 juin 2006

C'est pô païen, l'Panthéon.
C'est ré-pu-bli-cain.

Cela posé, concernant M. Bloch, je pense que si tous avaient eu son courage lorsque la France fut plongée dans l'adversité et le désarroi...

Écrit par : kalle | dimanche, 18 juin 2006

L'innocence du capitaine Dreyfus n'est pas absolument certaine. L'enquête a montré qu'il aimait jouer et qu'il avait des dettes de jeu qui le rendaient vulnérables à certaines propositions. Que d'autres aient été plus compromis que lui ne signifie pas qu'il ait été innocent. Faute de preuves, on en a fabriqué contre Dreyfus, c'est une pratique assez courante dans la police qui n'exclut pas la culpabilité des personnes ainsi "chargées".

Bref, c'est une affaire très compliquée, autant que l'affaire Clearstream, ce qui est certain c'est que l'enquête a été très mal menée.
Ainsi, de l'affaire Clearstream on retiendra que Sarkozy était innocent alors que le principal dans cette histoire, c'est que la plupart des partis politiques ont été "arrosés" par les rétrocommissions versées pour les frégates de Taïwan, dont le parti de Sarkozy.
La faute n'est pas si grave. Cette affaire Clearstream montre seulement que la corruption est consubstantielle à la démocratie. C'est la seule leçon que les journalistes n'ont pas tirée. Probablement de l'affaire Dreyfus n'a-t-on retenu que des détails.

Écrit par : Lapinos | dimanche, 18 juin 2006

La corruption est certes consubstantielle à la démocratie, mais elle l'est également à la plupart des modes de gouvernement.
Combien de monarchies, de dictatures (et surtout celles du prolétariat) ont eu à suibir les avanies de la corruption...
C'est sans doute chevillé à la nature humaine, cette petite chose-là...

Écrit par : kalle | dimanche, 18 juin 2006

Ou aux Etats...

Écrit par : Ash | dimanche, 18 juin 2006

Je me suis mal exprimé, je voulais dire que ce qui fait la faiblesse de la démocratie à cet égard, c'est qu'elle se veut un mode de gouvernement "moral", alors que ses dirigeants sont aussi corrompus que dans n'importe quel autre régime. Peut-être même plus corrompus, car la démocratie impose le renouvellement incessant de son personnel par des élections très coûteuses. L'affaire Clearsteam est une affaire de financement des partis politiques.
Je peux vous garantir que les Africains se foutent bien de notre poire quand ils nous voient arriver chez eux avec de beaux discours moralisateurs et repartir avec des malettes pleines de billets.

Le président français "coûte" plus cher que la reine d'Angleterre.

Écrit par : Lapinos | lundi, 19 juin 2006

... Et il aimerait bien en avoir la fortune !
Cela dit, au mode de gouvernement "moral" de la démocratie, on peut comparer le mode de gouvernement "éclairé" des dictatures ou celui "de droit divin" de feu notrre monarchie... autant d'aberrations tout aussi coûteuses, sur le mode indirect en tout cas.

Écrit par : kalle | lundi, 19 juin 2006

Vous vous êtes parfaitement repris, lapin. Ce qui fait la corruption démocratique mille fois plus pourrie que les autres, c'est justement son apparition au centuple dans un régime qui est censé se construire (ô Montesquieu !) sur la vertu. Et ce qui la rend inévitable, c'est tout simplement l'élection qui met le pouvoir en permanence à conquérir et incite donc à tous les coups tordus, toutes les magouilles, toutes les saloperies...
-Kalle, votre antiétatisme de principe me surprendra toujours... Y a des débats qu'il va falloir reprendre...

Écrit par : Lou | lundi, 19 juin 2006

Et les intrigues de palais, les banqueroutes, les complots de chambre, les dilapidations, les guerres de succession, les charges héréditaires... mes beaux esprits, qu'en faites-vous ???

Écrit par : kalle | mardi, 20 juin 2006

Ne mélangez pas tout, Kalle. Quel est le problème des charges héréditaires ? L'hérédité n'est pas forcément un mauvais principe. Dans le domaine patrimonial au moins, il a fait ses preuves, non ?
Il a d'ailleurs de tous temps été tempéré, les gens talentueux réussissent toujours à faire leur trou - même dans le show business aujourd'hui, qui est le système le plus "népotique" et le plus fermé qui puisse exister, c'est pour dire.

Le problème n'est pas là. Ce qui rend la démocratie plus fragile à la corruption, c'est qu'elle développe elle-même une idéologie, une religion d'État, appelons-ça comme vous voulez, pour ma part ce dernier vocable me convient car il n'y a pas à mon avis d'État sans religion d'État, une idéologie moralisatrice qui condamne la corruption. En Afrique, ou sous l'Ancien régime, on n'est pas énormément choqué par la corruption, c'est dans l'ordre des choses.

Nos gouvernants sont pour le moins dans une situation délicate, obligés de tricher, et, simultanément, de condamner sévèrement la tricherie. C'est encore pire aujourd'hui qu'il y a dix ans, avec les lois moralisatrices sur le financement des partis politiques. On est obligé de faire transiter par l'étranger les sommes détournées pour les campagnes, par discrétion, mais ça compromet notre indépendance, parfois. Je suppose qu'il y a pas mal d'"échanges franco-allemands" dans ce domaine qui llimitent les risques, mais quand même…

Écrit par : Lapinos | mardi, 20 juin 2006

Ce que vous dites , Lapinos, n'emtame en rien ce que j'écrivais. Je crains que ce soit vous qui mélangiez en comparant régime politique et népotisme show-bizien supposé...
Votre démonstration concernant la promotion de la morale au rang de religion d'État démocratique ne me convainc pas. Tous les états ont cette même démarche moralisatrice visant, officiellement et en apparence, à défendre une certaine rigueur morale dans la conduite de leurs affaires... Pourtant, où que je me tourne, la corruption (ce n'est pas le moindre des maux) fait florès... et ce, quelle que soit la nature du régime en place.
Peut-être la corruption se voit-elle plus dans une démocratie du fait qu'une certaine liberté d'information et d'expression peut encore s'y exercer ? Vous devriez prendre en compte cet importantissime paramètre.

Écrit par : kalle | mardi, 20 juin 2006

"..les vices qui rendent nécessaires les institutions sociales sont les mêmes qui en rendent l'abus inévitable." Rousseau.

Écrit par : Cadichon | mardi, 20 juin 2006

En effet nous ne sommes pas d'accord, Kalle. Sur plusieurs points. La religion catholique n'appartenait pas à l'État, celui-ci ne pouvait donc pas la modifier à sa guise, même s'il cherchait à la contrôler, il ne la sécrétait pas directement, elle lui échappait en grande partie. Ça peut paraître un inconvénient, mais c'est en réalité un avantage pour l'État d'être déchargé de la responsabilité d'écrire les dogmes lui-même.

La différence entre le catholicisme et les dogmes actuels, par ailleurs, c'est que le catholicisme n'a pas un but essentiellement moralisateur, il y a un côté mystique, abstrait, impalpable si vous voulez, et qui le protège des iconoclastes, de la contestation. Il est incontestable parce qu'incompréhensible. On peut juste dire : « Ce n'est pas logique ! »
N'oubliez pas que la monarchie a tenu plusieurs siècles en France. En ce qui concerne le régime démocratique moderne, depuis combien de temps est-il en place ? Soixante ans ? Cent ans en calculant très large, c'est assez peu.

Les dogmes actuels sont fragiles, surtout ceux qui reposent sur des mythes historiques, parce qu'ils ne sont pas très difficile à démolir. Quand on combat au nom de la vertu comme Bush, lorsqu'on est pris la main dans le sac le doute se répand très vite.

Enfin, le dernier point est le plus évident et je suis étonné de devoir argumenter dans ce sens avec vous, la liberté d'expression est sans doute plus restreinte en 2006 qu'elle ne l'était au milieu du XVIIIe siècle, par exemple. Il a circulé des pamphlets dans Paris sur Marie-Antoinette, pour prendre un exemple à la mode, comme jamais on ne pourrait en publier sur Chirac ou sur Mitterrand aujourd'hui.

Lorsqu'Edern Hallier s'est décidé à faire paraître son bouquin sur Mazarine, les services secrets vont trouver l'éditeur et lui font comprendre que, s'il tient à sa peau… Et comme il persiste, il retrouve au petit matin son imprimerie complètement vide, plus de machines. Cas inimaginable au milieu du XVIIIe siècle où on faisait imprimer les ouvrages subversifs très facilement aux Pays-Bas.
Le pouvoir tient mieux les journalistes aujourd'hui qu'il ne les a jamais tenus. La police est beaucoup mieux organisée. Et puis la radio, la télévision, diffusent des informations très simplifiées. Trop d'information tue l'information, etc.
Prenez l'affaire Clearstream, que croyez-vous que les Français dans leur grande majorité ont compris ? Que dalle, à mon avis, ou pas grand-chose, parce que c'est très compliqué et que les médias ne cherchent pas à informer les gens, mais à leur bourrer le mou dans tel ou tel sens, je pensais que vous le saviez déjà, Kalle.

Écrit par : Lapinos | mardi, 20 juin 2006

L'affaire Clearstream est un cas classique de désinformation en chaîne (cf. Volkoff, "Histoire de la désinformation").

Le degré de liberté ne croît pas dans une mesure inversement proportionnelle au degré d'autorité exercée par le pouvoir. C'est là le fondement de l'idée démocratique, mais ce fondement est erroné. L'histoire le montre, les exemples en sont infinis.

Écrit par : l'ami fritz | mardi, 20 juin 2006

Cher Lapinos,

Je ne comprends pas à quoi ce rapporte votre premier paragraphe.
Par ailleurs :
• Je ne vois pas en quoi le catholicisme détient le monopole religieux du mysticisme et de l'abstraction...
• La durée d'un régime est-elle un critère politique qualitatif ? Je me garderai bien de répondre à cette question de façon trop tranchée !
• Vous mettez en opposition les dogmes actuels (qui ne sont rien d'autre que des "mainlines" d'agences de com' spécialisées) au dogme de l'Eglise... C'est étonnant.
• Concernant la liberté d'expression, vous avez la mémoire doublement sélective : on faisait ce que l'on voulait (ou presque) sous l'ancien régime (!) et l'on vit aujourd'hui sous le joug... Les auteurs de pamphlets, tout comme ceux qui discutaient le dogme de l'Eglise, étaient systématiquement poursuivis. Beaucoup durent aller se faire imprimer à Genève... La tolérance, c'est vrai, existait... mais vous conviendrez qu'elle est paradoxalement le seul moyen dont dispose une autorité pour être respectée ! Aujourd'hui, toute librairie digne de ce nom, propose à vos yeux avides une dizaine de bouquins traitant des scandales relatifs aux règnes de la Mite ou de Chirac
• Quant à Edern, vous oubliez qu'il a en premier lieu exercé un chantage sur le pouvoir (demande d'obtention d'une présidence de chaîne) avant d'hurler au complot. Dieu sait que j'ai apprécié Edern, mais n'oublions jamais que c'était un personnage tout en ombres et en lumières !

Écrit par : kalle | mercredi, 21 juin 2006

-Cadichon, vous allez finir par nous faire aimer Rousseau...
-Kalle, lisez donc ceci, de Maurras, qui vous montrera à la fois les bienfaits de l'hérédité et sa "perméabilité" :
"Lorsqu'il lui plaît de faire naître un homme de guerre chez de paisibles magistrats, ou un marin sur une souche de vignerons, la vocation nouvelle est marquée assez fortement, elle est servie par une volonté assez ferme pour que toutes les résistances soient brisées. Mais ces résistances, ces difficultés ont du bon. Ces épreuves sont des examens naturels, laissant passer les forts prédestinés, mais rejetant les autres dans la condition héréditaire qui leur est la plus convenable, car elle leur assure la défense et l'abri."
Par ailleurs, la corruption est au coeur de l'homme qui n'est ni ange ni bête, d'accord. Mais, et cela est plus grave, elle est au coeur même de la démocratie (malgré ses prétentions théoriques à la vertu) puisque le pouvoir y est en permanence à conquérir. La monarchie ne supprime pas la corruption du coeur de l'homme, mais elle a le grand avantage de ne pas l'installer au coeur de l'Etat.
En outre, la durée d'un régime n'est pas le seul critère de la qualité de ce régime, mais c'en est un capital car l'action politique ne peut s'inscrire que dans la durée. Comment la valse des présidents et des ministères pourrait-elle permettre une véritable politique lorsqu'en plus s'y ajoute un électoralisme forcené qui empêche le personnel politique d'avoir d'autres préoccupations qu'électoralistes.. ?

Écrit par : Lou | jeudi, 22 juin 2006

Deux choses, Lou, pour clore ce chapitre (si vous et Lapinos en convenez).
• N'oublions pas, concernant la corruption, que les monarchies ne furent jamais à l'abri des banquiers malveillants et autre hommes de pouvoir prompts à utiliser les rancoeurs de Cour pour fomenter quelque scandale à leur avantage.
• Le règne de Louis XVI - pour ne citer que celui-là - a vu valser les ministres en tous sens. Cette instabilité, caractéristique de ce Louis-là, a sans doute accéléré et même précipité les désordres qui ont présidé au complot bourgeois.

Écrit par : kalle | jeudi, 22 juin 2006

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