mercredi, 24 janvier 2007
Pétain le Juste...
Et voilà, c'est gagné ! Chirac a fait mouche ! Remarquez, la recette est simple et facile : il suffit de cracher cinq minutes sur Pétain, Vichy, l'extrême-droite, la "clique revancharde et haineuse", le "sinistre statut des Juifs", d'assaisonner le tout d'antiracisme et d'anti-antisémitisme ronflant, et vous voilà, toute crapule que vous puissiez être par ailleurs, blanchi jusqu'à la moelle, nickel-chrome brillant, réadoubé 100% présentable et pardonné par toutes officines mrap, licra, grand orient, médias aux ordres... etc... Le bilan est nul ? Qu'importe, comme disait colombani l'autre jour dans Le Monde, "il convient de saluer cette vigilance" ! Car le Président, poursuit toujours Colomconbani, " a su trouver les mots pour inviter les Français à regarder leur histoire en face et en bloc".
Eh bien s'il l'avait vraiment regardée en face et en bloc cette histoire des "années sombres", il y aurait vu quoi, Chirac ? Il y aurait vu ceci :
Moins de 7% des juifs d'Europe ont échappé au génocide, alors que 86% des Français juifs et environ 70% des Juifs étrangers résidant en France survécurent à la tourmente.
Et il aurait compris alors que s'il y a quelqu'un qui mérite particulièrement le titre de Juste parmi les Justes et son nom à Yad Vachem pour avoir sauvé des milliers de Juifs, c'est Pétain soi-même, ce Pétain sur lequel il est de bon ton de cracher depuis 60 ans... Quant à lui, Chirac, il ne mérite rien d'autre que le titre de minable histrion politicien prêt à tous les coups tordus et à tous les reniements...
Lou zambézée...
09:03 | Lien permanent | Commentaires (13)
Commentaires
"Le total est d’environ 76 000 déportés (moins de 3000 sont revenus), dont 24 000 français répartis en parts à peu près égales :
8 000 Français d’origine ;
8 000 enfants français, dont les parents étaient étrangers, et furent déportés dans le cadre du fallacieux regroupement familial ;
et 8 000 naturalisés." (Source : Serge Klarsfeld, Vichy Auschwitz)
http://www.maurice-papon.net/genocide.htm
73 000 morts sur une population de 310 000 juifs présents en France en 1940, cela fait un taux de mortalité de 23,6 %, ce qui est toujours trop évidemment. Ça ne fait pas de Pétain un juste (il ne faut pas exagérer) mais cela montre qu'il n'était pas un furieux antisémite, comme la majorité des Français.
J'ai lu une interview de Hilberg, le spécialiste de la Shoah, dans la Revue des deux mondes du mois de décembre dernier et il précise que les Français faisaient une distinction entre juifs nationaux et juifs étrangers, contrairement aux Allemands qui, dans leur antisémitisme, mettaient tous les juifs dans le même sac, sans distinction de nationalité. Voilà pourquoi les juifs français ont été mieux protégés pendant l'Occupation.
Écrit par : Sébastien | mercredi, 24 janvier 2007
Ok, Sébastien, même si je maintiens que si on est Juste à majuscule pour avoir sauvé "un" Juif, on doit pouvoir l'être, malgré la haine et la propagande des vainqueurs de la dernière heure, pour en avoir sauvé des milliers... Et si autant de Français individuels ont pu sauver autant de Juifs, c'est probable parce que l'Etat français et ses services n'exerçaient pas vraiment une police très rigoureuse en ces matières... Par ailleurs, y avait pas que les Français qui faisaient la différence entre Juifs français et Juifs étrangers, y avait les Juifs eux-mêmes... Je me souviens d'un bout d'interview de Schwartzenberg le cancérologue qui fut un temps ministre de je ne sais plus qui, Tonton peut-être, il y a quelques années sur france cul, qui disait des choses particulièrement intéressantes et pas vraiment consensuelles sur l'attitude des Juifs pendant la guerre... Malheureusement j'ai aucune référence... Appel au peuple : si quelqu'un avait ça quelque part en archives, ça vaudrait la peine de le ressortir...
A l'intention des cons toujours possibles hélas : il n'y a là, qu'on se rassure, aucun antisémitisme récurrent, simplement un goût marqué pour la vérité...
Écrit par : Lou | mercredi, 24 janvier 2007
Mais c'est justement "un goût marqué pour la vérité" qui, aujourd'hui, s'appel antisémitisme.
Écrit par : lustucru | mercredi, 24 janvier 2007
Et Philippe Labro de raconter comment ses parents, dans leur villa agricole, cachaient des Juifs au premier étage, pendant que le commandement allemand local occupait le rez-de-chaussée qu'il avait réquisitionné. Une belle histoire pour les téléspectateurs et qui repose encore une fois sur la légende dorée franchouillarde selon laquelle les soldats allemands furent des butors qu'on pouvait abuser facilement.
La vérité est ailleurs, dans des faits un peu plus complexes.
(S. Klarsfeld a déjà révisé ses chiffres plusieurs fois. Je vous suggère d'attendre la dernière mise à jour, Sébastien.)
Écrit par : Lapinos | mercredi, 24 janvier 2007
Oui, Klarsfeld 3.0.2
Ça vient de sortir et on peut l'avoir chez Surcouf...
Écrit par : kalle | mercredi, 24 janvier 2007
"S. Klarsfeld a déjà révisé ses chiffres plusieurs fois"
C'est le propre de toute méthode historique et de toute méthode scientifique en général. La science procède par évaluations successives afin de s'approcher le plus près possible de la réalité. L'essentiel, ce sont les ordres de grandeur. Mais je n'apprends rien au lecteur de Claude Allègre que vous êtes.
Écrit par : Sébastien | jeudi, 25 janvier 2007
Chirac avait confié à ses proches en 1995 "je vous surprendrai par ma démagogie". 12 ans après nous y sommes toujours.
Écrit par : Kamarad Alibekov / PKK | jeudi, 25 janvier 2007
Par exemple, sur le principe de la conservation du mouvement:
A l'origine est la grande idée de Descartes, que quelque chose se conserve dans les chocs. Mais Leibniz : « Il se trouve par la raison et par l'expérience que c'est la Force vive absolue [mv²] qui se conserve et nullement la quantité de mouvement [mv] » (Essai de dynamique, 1691).
Plus tard, Newton précisera l’idée de Leibniz. Il montrera que c’est l’énergie cinétique qui se conserve dans le mouvement et qu’elle est égale à [1/2 mv²].
Écrit par : Sébastien | jeudi, 25 janvier 2007
Claude Allègre justement n'est pas naïf au point de ne pas voir que les sciences sont soumises à des influences extérieures. La méthode est certes importante, comme vous dites, le scientifique doit avoir la modestie de remettre en cause ses évaluations, le courage de remettre en cause les vérités officielles, etc. Mais l'intention du scientifique joue un rôle aussi. La science est une activité humaine !
Que penser d'un historien comme Vidal-Naquet par exemple, qui, par militantisme, comme il l'a admis plus tard, a dissimulé un fait qu'il n'ignorait pas tel que la déportation et l'exécution sommaire de milliers d'officiers polonais par les communistes russes ? Vidal-Naquet est-il un historien ou un militant ? Pour ma part j'estime que son militantisme l'emporte. Certains ne se posent même pas la question !
Je sais bien que l'autocritique n'est pas votre for, Sébastien, mais convenez que vous avez la même attitude avec S. Klarsfeld. Il a une double casquette, un triple casquette même. Il est aussi avocat, et "chasseur de nazis", et vous ne vous posez même pas la question de savoir si ces activités ont pu influer ou pas sur son travail d'historien !?
Faire graver les noms de 80.000 victimes dans la pierre, ça n'est pas une contribution à la recherche en sciences sociales mais bien à la vérité officielle.
Écrit par : Lapinos | jeudi, 25 janvier 2007
eh bien Lou vous êtes entrée en hibernation ? une semaine de silence, terrible frustration !
Écrit par : phineus | mardi, 30 janvier 2007
Patience, patience dans l'azur. Chaque atome de silence est la chance d'un fruit mûr.
Écrit par : Sébastien | mardi, 30 janvier 2007
Patience, patience dans l'azur. Chaque atome de silence est la chance d'un fruit mûr.
mais c'est joli, ça ! C'est de vous, Seb ?
Écrit par : kalle | mercredi, 31 janvier 2007
Non, c'est de Paul Valéry. Un poème intitulé 'Palme' :
http://www.lesarbres.fr/index.php?page=texte-valery2.php
Écrit par : Sébastien | mercredi, 31 janvier 2007
Les commentaires sont fermés.