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vendredi, 03 décembre 2010

Froidure...

Alors là, carrément, il est docteur en anthropologie le mec, du lourd, du costaud, du solide, 12 thèses, 14 ouvrages, des centaines d’articles, une compassion exponentielle, une empathie admirable, un cœur grand comme ça… retenez bien son nom : Yann Benoist, né sans doute au plus gros de l’hiver 54 entre le manteau de feu l’Abbé Pierre et la limousine de Martin Hirsch… (Si vous voulez l’in extenso, allez dans Le Monde, tapez « opinions » et chercher en page 2 un article au titre poétique : « un hiver hautement répressif »…).
Mais comment l’université peut-elle produire à la pelle autant de sympathiques crétins pleins de générosité dégoulinante et de commisération larmoyante, mais vides hélas du minimum de sens des réalités qui leur permettrait de dire ou d’écrire autre chose que des conneries.

Lui, c’est des SDF qu’il nous cause, des SDF qui commencent à se les geler grave et à qui, donc, il faut donner tout tout de suite (« Il faut d'abord améliorer l'hébergement afin que chacun puisse trouver confort et intimité 24 heures sur 24 et tout au long de l'année dans une chambre individuelle. Il faut ensuite sortir des rapports de domination. Donnons à chacun les moyens de vivre décemment avec tout ce que cela comporte de liberté individuelle. »)  sans leur imposer voire même seulement leur suggérer quoi que ce soit sur leur mode de vie (« Mais surtout, les sans-abri n'ont pas besoin qu'on leur enseigne ce qui est bon pour eux ou qu'on les traite comme des criminels…Plutôt que d'imaginer ce qui peut être bon pour eux, soyons à l'écoute des besoins des SDF et permettons-leur d'être partie prenante dans les décisions les concernant. »)…

Il est pas mignon le Yannou ? Ainsi donc le SDF est devenu le nouveau Dieu de nos sociétés d’humanitarisme mou, celui devant l’autel de qui l’on dépose offrandes et présents, à qui l’on immole chaque jour mille agneaux en sacrifice, et qui, bien sûr, doit jouir de la plus totale liberté et souveraineté absolue sur soi-même.

Mais dis-moi, ducon, si tu te vautres ainsi dans l’adoration plein pot de tous les marginaux, bourrés, drogués, soixante-huitards, caractériels qui squattent les ponts et les chaussées, tu feras quoi , Yannis, pour le mec qui bosse dur huit heures par jour dans le froid avec un marteau-piqueur ou une cintreuse ou une truelle dans les pognes, et qui prend le temps, le soir, de jouer un moment avec ses enfants, de serrer sa femme dans ses bras et, même, de payer ses impôts à ce putain d’Etat racketteur… ?  Tu vas lui élever une stèle, une statue, un temple, une église, une pyramide ? Ah ! non, j’oubliais, celui-là, il t’intéresse pas, c’est pas un déclassé, largué, paumé, juste un pauvre con de travailleur honnête qui ne mérite ni ton attention, ni ta sympathie…

Je vais te dire, Yann, c’est toujours la même histoire : pour 10% de SDF qui se sont pris des tuiles récurrentes sur le coin de la gueule et qui ont fini par plus pouvoir se relever, et qu’il faut aider à s’en sortir, combien de glandeurs à la con qui, par idéologie libertaire, anarchisme de salon, fainéantise aigüe, avachissement chronique, côtes en long, monopilosité manuelle, lafarguisme mal digéré et autres joyeusetés de nos sociétés décadentes, n’ont finalement que ce qu’ils méritent et se pèlent les miches sur leur carton à l’insu de leur plein gré !

Et ceux-là, vois-tu, monsieur l’anthropologue, chuis pas sûre qu’ils méritent ta commisération, la mienne, ni les maraudes trop généreuses d’un Etat-Samu qui, non content de les emmerder, les maintient dans leur parasitisme revendiqué et assure une bonne conscience en béton aux maraudeurs stipendiés devant qui larmoie l’Elise Lucet de midi ou le Pujadas de 20 h…

Lou méchante...

Commentaires

- Paul Lafargue est un bon critique littéraire comme l'université capitaliste n'en produit plus. Par ailleurs sa dénonciation du pacte entre l'Eglise et les banques est tout ce qu'il y a de plus évangélique et historique. Même si les évangiles qui donnent la priorité aux pauvres vous importent peu, ou que vous croyez comme Flaubert qu'on ne peut fonder aucune société solide là-dessus (aucun chrétien sérieux ne peut vous contredire là-dessus), Lafargue vous enseigne que l'usage des bons sentiments est indispensable aux élites pour méduser les couches de la population les plus asservies à des tâches pénibles, et que les faux culs de "Libération" sont loin d'avoir inventé cette "moraline".
- Votre propre hypocrisie est visible quand vous accusez l'Etat de rackett fiscal. Un Etat incapable de fournir assez de travail à toute la population, est contraint de faire l'aumône afin d'éviter des révoltes, qui, même sporadiques, feraient perdre à la société civile encore plus d'argent. Les Etats-Unis qui n'ont pas connu le chômage depuis les années soixante-dix, vont devoir s'y mettre. Le RMI de Michel Rocard a tué dans l'oeuf des révoltes de chômeurs dont j'ai été le témoin, extrêmement violentes à côté de quelques bagnoles qui crament en banlieue et font pousser des cris d'effroi aux demoiselles et personnes âgées (y compris lorsqu'elles en sont très éloignées et vivent dans des villages isolés de l'Ardèche, comme j'ai pu le constater). Le grand capital peut dire merci à Michel Rocard. La solution d'envoyer la troupe massacrer les ouvriers comme au XIXe siècle faisait Thiers ne pourrait satisfaire les industriels eux-mêmes, dont la production est largement délocalisée aujourd'hui et l'intérêt de déclencher des heurts violents limité.
- Les discours remplis de bons sentiments hypocrites que vous haïssez se développent donc en période faste sur le plan économique, lorsque l'Etat dispose de moyens pour calmer la rancoeur sociale des moins bien lotis. Le désintérêt pour la classe moyenne est assez rationnel. Elle a encore beaucoup trop à perdre pour représenter une menace réelle, et conserve ses vieux réflexes électoraux au-delà de la disparition de ses intérêts corporatistes. C'est dans cette brèche que s'est engouffré Le Pen, et la société civile n'a pas eu trop de peine à trouver une parade idéologique efficace : la menace de désintégration sociale, qui est précisément ce que la classe moyenne redoute le plus.
- Avec la crise devraient s'essouffler les grenouilles de bénitier et leurs bons sentiments qui ne mangent pas de pain (mais seulement des miettes), et s'éteindre l'acrimonie de Lou. Toute guerre lorsqu'elle se durcit (et la guerre économique n'est pas la moins violente des guerres, qui fait des centaines de milliers de morts par jour à l'échelle mondiale où elle se joue) réduit les bavardages et l'enfilage de perles.

Écrit par : Lapinos | jeudi, 09 décembre 2010

- Paul Lafargue est un bon critique littéraire comme l'université capitaliste n'en produit plus. Par ailleurs sa dénonciation du pacte entre l'Eglise et les banques est tout ce qu'il y a de plus évangélique et historique. Même si les évangiles qui donnent la priorité aux pauvres vous importent peu, ou que vous croyez comme Flaubert qu'on ne peut fonder aucune société solide là-dessus (aucun chrétien sérieux ne peut vous contredire là-dessus), Lafargue vous enseigne que l'usage des bons sentiments est indispensable aux élites pour méduser les couches de la population les plus asservies à des tâches pénibles, et que les faux culs de "Libération" sont loin d'avoir inventé cette "moraline".
- Votre propre hypocrisie est visible quand vous accusez l'Etat de rackett fiscal. Un Etat incapable de fournir assez de travail à toute la population, est contraint de faire l'aumône afin d'éviter des révoltes, qui, même sporadiques, feraient perdre à la société civile encore plus d'argent. Les Etats-Unis qui n'ont pas connu le chômage depuis les années soixante-dix, vont devoir s'y mettre. Le RMI de Michel Rocard a tué dans l'oeuf des révoltes de chômeurs dont j'ai été le témoin, extrêmement violentes à côté de quelques bagnoles qui crament en banlieue et font pousser des cris d'effroi aux demoiselles et personnes âgées (y compris lorsqu'elles en sont très éloignées et vivent dans des villages isolés de l'Ardèche, comme j'ai pu le constater). Le grand capital peut dire merci à Michel Rocard. La solution d'envoyer la troupe massacrer les ouvriers comme au XIXe siècle faisait Thiers ne pourrait satisfaire les industriels eux-mêmes, dont la production est largement délocalisée aujourd'hui et l'intérêt de déclencher des heurts violents limité.
- Les discours remplis de bons sentiments hypocrites que vous haïssez se développent donc en période faste sur le plan économique, lorsque l'Etat dispose de moyens pour calmer la rancoeur sociale des moins bien lotis. Le désintérêt pour la classe moyenne est assez rationnel. Elle a encore beaucoup trop à perdre pour représenter une menace réelle, et conserve ses vieux réflexes électoraux au-delà de la disparition de ses intérêts corporatistes. C'est dans cette brèche que s'est engouffré Le Pen, et la société civile n'a pas eu trop de peine à trouver une parade idéologique efficace : la menace de désintégration sociale, qui est précisément ce que la classe moyenne redoute le plus.
- Avec la crise devraient s'essouffler les grenouilles de bénitier et leurs bons sentiments qui ne mangent pas de pain (mais seulement des miettes), et s'éteindre l'acrimonie de Lou. Toute guerre lorsqu'elle se durcit (et la guerre économique n'est pas la moins violente des guerres, qui fait des centaines de milliers de morts par jour à l'échelle mondiale où elle se joue) réduit les bavardages et l'enfilage de perles.

Écrit par : Lapinos | jeudi, 09 décembre 2010

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