mardi, 14 novembre 2006
Communautarisme...
Dans un "Rebond" de Libé d'hier, Michel Wiewiorka, la madonne historique des radios et télés publiques, nous cause de la mise en place d'un "modèle néo-républicain" qu'il semble appeler de ses voeux et dans lequel "l'idéal républicain [d'universalité et d'égalité absolue] est appelé à s'accommoder des identités particulières et de leurs revendications".
Et la déclinaison de cette évolution se fait, sous la plume wiewiorkienne, en trois temps et en s'appuyant sur trois communautés : les Juifs puis les Musulmans et enfin les Arméniens, chacun réclamant ou cherchant à imposer les privilèges dont il s'estime le dépositaire éternel.
Voilà qui appelle quelques remarques :
-1/ Ah ! c'était bien la peine, messieurs les républicains, de faire la nuit du 4 août !
-2/ on a pas trop entendu le Wiewiorka's fan club s'offusquer du jacobinisme égalitaire et centralisateur français lorsqu'il ignorait superbement et méprisait et refoulait (et tient encore sous haute surveillance) les identités alsacienne, provençale, occitanne, basque, corse, bretonne....etc... Il est vrai qu'il n'y avait là que du vulgaire franchouillard de souche qu'on pouvait étouffer à merci...
-3/C'est sans doute pas un hasard si ces problèmes de communautarisme ressortent aujourd'hui. Tant que l'immigration était contrôlée, progressive, marquée par la modestie et le respect de qui vient s'incruster chez les autres, l'assimilation et l'intégration fonctionnaient assez bien. Mais depuis que la droite terrorisée et la gauche idéologisée ont rouvert les vannes de l'immigration incontrôlée et encouragée par des politiques laxistes et des associations subventionnées, le melting pot devient plutôt une marmite de sorcière qui va finir par nous péter grave à la gueule. Et les ex-jacobins wiewiorquistes mettent alors de l'eau dans leur vin...
-4/Il est bien significatif de voir dans l'article à Wiewiorka que revient de façon récurrente l'argument électoraliste pour justifier la prise en compte des communautés ("...poids électoral qu'il représente... on est à l'écoute de l'électorat..."). Ce qui montre bien, une fois de plus,qu'en démocratie, ce n'est jamais le bien commun qui détermine une politique, mais la simple cuisine électoraliste.
-5/ enfin, pour les Juifs, le problème est sans doute différent car leur histoire est singulière, leur présence dans la communauté française est plus ancienne comme d'ailleurs est ancien leur lobbyisme politico-médiatique et le soutien de communautés extérieures influantes, argentées et organisées...
Lou sérieuse...
09:22 | Lien permanent | Commentaires (11)
Commentaires
Je vous fait part de mes plus vives protestations, Lou. D'abord le centralisme n'est pas spécialement "jacobin", il est "colbertiste". La grandeur passée de la France, révolue depuis les grandes saignées de Napoléon, a beaucoup tenu à ce centralisme que vous dénoncez, qui a fait de la France une grande nation unie et puissante.
Les Parlements de province sont en grande partie responsables de la Révolution, s'opposant à toutes les tentatives de réforme des gouvernements de Louis XV et de Louis XVI.
Aujourd'hui, la décentralisation est une véritable gabegie, chaque président de région se fait construire son palais de région et ne songe qu'à gaspiller l'argent du contribuable.
C'est typiquement une réforme démagogique faite pour flatter les Français. Les Bretons sont ravis qu'on leur dise qu'ils ont une culture et des racines spécifiques alors qu'on n'a pas parlé breton à Rennes depuis plusieurs siècles et que le plus grand écrivain breton, Chateaubriand, est Français. Le régionalisme, laissez ça à des crétins de la télé comme PPDA ou Le Lay, Lou (j'avoue ne pas avoir d'exemples vosgiens à donner).
Écrit par : Lapinos | mardi, 14 novembre 2006
Personne n'a jamais parlé breton à Rennes, siège du parlement de Bretagne, pas plus qu’à Nantes, résidence des ducs de Bretagne. Nantes et Rennes sont « en pays gallo ».
Il y a la Bretagne géographique, la Bretagne historique et la Bretagne linguistique. Cette dernière est la plus facile à définir.
Écrit par : Eric | mardi, 14 novembre 2006
Le centralisme (que je fais partir de Richelieu et non de Colbert comme Lapinos) fut en son temps probablement une nécessité qui a peut-être, sauvé la France en tant que nation. La féodalité est morte pendant la Fronde et non pedant la révolution française.
Effectivement comme le souligne Tocqueville le centralisme jacobin qui a su écraser les dernières résistances que la royauté avait hésité à réprimer, n'est qu'un prolongement de ce qu'était devenu l'état monarchiste.
Maintenant j'ai parfaitement compris Lou que votre vision du régionalisme ainsi que cellle de Maurras, ne joue pas contre la France, à l'inverse des indépendantistes médiocres basques, bretons ou corses. Le problème c'est que ces derniers sont prêts à récupérer votre discours sans vergogne.
Écrit par : Cadichon | mardi, 14 novembre 2006
Pourtant on fait fabriquer dans toute la Bretagne des panneaux traduisant les noms de lieux en bretons, c'est bien la preuve qu'on a affaire là, au pire à de l'idéologie, au mieux à un piège à touristes. Combien de Bretons parlent encore breton ? Il n'y plus d'identité bretonne comme il peut y avoir encore une identité alsacienne, tout ça n'est que du folklore.
Quand c'est pas seulement du folklore, comme en Catalogne, c'est encore pire. C'est la loi du plus riche. Et traduire Cervantès en catalan, quelle connerie…
Écrit par : Lapinos | mardi, 14 novembre 2006
« Naoned » pour Nantes et « Roazhon », Rennes, sont effectivement des boboteries grotesques. Ceci dit, Le Lapin doit être normand pour avoir une telle dent contre les Bretons.
Écrit par : Eric | mardi, 14 novembre 2006
La Véndée se souvient ...
Rembarre !
Écrit par : Eze | mardi, 14 novembre 2006
Il se trouve que j'ai aussi du sang breton. Mais j'aspire surtout à rester Français, voire à devenir vraiment Européen vu l'état de la France. Et puis Dürer ou Dante m'attirent plus que Tri Yann. Qu'il y ait quelques érudits qui s'intéressent à la langue bretonne ou catalane et qui l'étudient, ça ne me pose aucun problème, mais la régression politique que représente le régionalisme…
Écrit par : Lapinos | mardi, 14 novembre 2006
« Bois ton sang; Beaumanoir..." voici ma "bretonitude » vous agrée t'elle monsieur Lapin ?
Et puis pour mes aspirations, en paraphrasant Nimier, je dirais « quand les Européens seront plus difficiles, je me ferais naturaliser européen, en attendant, je préfère rester catholique et français, bien que ce soit baroque (parfois) et fatiguant (toujours) »
Écrit par : Eric | mardi, 14 novembre 2006
« Bois ton sang; Beaumanoir..." voici ma "bretonitude » vous agrée t'elle monsieur Lapin ?
Et puis pour mes aspirations, en paraphrasant Nimier, je dirais « quand les Européens seront plus difficiles, je me ferais naturaliser européen, en attendant, je préfère rester catholique et français, bien que ce soit baroque (parfois) et fatiguant (toujours) »
Écrit par : Eric | mardi, 14 novembre 2006
Hou lala ! Chaud chaud le régionalisme ! Bon, quelques précisions : Richelieu, Colbert, avant les jacobins de la république une et indivisible ? OK, avec quand même l'énorme différence que dans le cas de la centralisation d'ancien régime, je dirais que c'est une centralisation pragmatique, liée au développement territorial, économique et social du pays, alors que la centralisation de l'abbé Grégoire et consorts est une centralisation idéologique, c'est à dire à vocation totalitaire et qui veut que tout le monde pense partout pareil au même moment à la fois par facilitation administrative mais aussi par volonté hégémonique. Centralisation qui supprime ces langues régionales que tous nos ancêtres (quand je dis "nos ancêtres", vous êtes pas obligés de m'imaginer en jupe paysanne, coiffe bretonne et sabots aux pieds...!) ont parlé même si elles ne le sont pratiquement plus aujourd'hui par suite, justement de la politique répressive de la république.
Et loin du folklore gnan-gnan et ringard de trop de groupes régionalistes qui ne conçoivent leur identité qu'au miroir du dix-neuvième siècle, il y a je crois place pour une diversité française qui sans rien renier de l'unité du pays peut aspirer légitimement à ce que chacun soit maître chez soi et que les décisions administratives et certaines décisions politiques soient prises au niveau le plus rapproché (principe de subsidiarité) plutôt que de dépendre des bureaux parisiens ou bruxellois.
Et si la régionalisation républicaine à la deferre n'a donné que de piètres résultats, la faute en revient plutôt à la république (et son clientélisme électoral permanent) qu'à une saine régionalisation. Si l'on veut une vraie société prospère, il faut éviter que le centre devienne apoplectique et la périphérie rachitique... Un petit coup de La Fontaine, pour la route : Les membres et l'estomac...
Écrit par : Lou | mardi, 14 novembre 2006
"mais la régression politique que représente le régionalisme…"
Bref, un argument en sa faveur.
Le régionalisme c'est se rapprocher des gens concernés par leurs problèmes. Ils votent pour ce qu'ils connaissent le mieux et qui les touchent le plus directement. Le jour où l'Europe sera dans cette idée d'organisation politique, alors je serais moins aussi Européen. Pour l'instant c'est niet. Pas d'Europe, pas de République et tout centralisme qu'il soit possible d'enrober.
Écrit par : Ash | mercredi, 15 novembre 2006
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